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Source: aphore.org

Author: Admin

Du pied au sommet de l’une des Mamelles de Ouakam, le Monument de la Renaissance se nourrit du bon lait du souvenir. Un homme, son épouse et son enfant tendent la main à la postérité, les pieds bien ancrés dans un passé portant la douleur de leur condition mais qui est une merveilleuse ouverture vers la postérité et un monde nouveau.

Voilà l’Afrique qui ne subit plus le présent et qui, généreuse dans l’effort comme dans la passion du monde, s’ouvre des horizons culturels, économiques, politiques et sociaux assez clairs parce qu’emplis d’espoir. Au-delà de cette polémique qui renforce aussi bien l’œuvre que l’espace public, Le Soleil vous propose un voyage au cœur de cette infrastructure.

Dans la statue de bronze, tout un complexe

Bientôt le Monument de la renaissance africaine sera livré au public. Sur place, les ouvriers s’activent à la tâche, à l’ombre de cette immense œuvre qui ne se limite pas seulement aux statues d’un homme tenant son fils et couvrant sa femme d’un bras protecteur. C’est tout un complexe pour accueillir la culture et faire connaître l’Afrique qui accompagnera ce monument.

De loin, une forme se détache d’une colline qui a perdu son sommet arrondi. L’une des deux Mamelles accueille, depuis quelque temps, l’imposant Monument de la renaissance africaine, à quelques mètres de sa jumelle au sommet duquel trône le vieux phare. Un long détour conduit à ces lieux jadis abandonnés à la broussaille. La végétation asséchée de la colline du phare en atteste. C’est un parcours assez sinueux qui y mène, mais l’effet des nombreux virages est adouci par la bonne qualité de cette route flambant neuf à la faveur du dernier sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci). 

Plus on s’approche, plus on mesure le gigantisme du Monument montrant un homme au physique herculéen tenant son fils d’une main et protégeant sa femme frêle de l’autre. Tous semblent sortir des entrailles de la colline qui garde intacts ses vestiges de volcan. On dirait un trio qui vient de voir le jour.

Les pieds de l’homme, incomplètement dégagés, donnent cette impression qu’ils viennent de loin. Les pelles mécaniques, à l’œuvre, creusent sur les flancs de la colline, laissant à découvert de la roche noire carbonisée, vestiges d’une antique activité volcanique.

Les herbes sauvages ont cédé la place aux gravats, en attendant que les ouvriers finissent de rendre les lieux agréables au regard.

Ils sont haut perchés, le couple et son enfant. Plus de 200 marches (218 au total, nous confie une dame), le long de la pente, conduisent au piédestal. La longue ascension risque d’essouffler vite les moins endurants. Le vent est fort en altitude. Enfin, au piédestal qui accueille le visiteur avec ses nombreux bancs pour deux personnes tout autour ! Une fois en haut, on apprécie à sa juste valeur le gigantisme de l’œuvre coulé dans le bronze et reposant sur un imposant socle de béton de plusieurs mètres de haut.

Ici, le modernisme est bien présent, les deux portes d’entrée s’ouvrent et se ferment grâce à un mécanisme électronique. Technologie et beauté occupent les entrailles de la statue de l’homme de tout son long.

Difficile d’imaginer des visiteurs dans un bonnet. 

C’est possible et c’est celui de l’homme 

qui tient sa femme et son enfant.

monument_de_la_renaissanceDes entrailles réservées à la culture

Au rez-de-chaussée, une salle d’exposition laisse deviner, déjà, l’omniprésence que la Culture aura dans ce projet que président de la République dédie à l’Afrique.

Notre guide nous apprend que cette belle salle abritera des expositions sur de grands événements africains.

Le premier étage sur les cinq vous plonge dans un univers de miroirs recouvrant les murs, agrémenté de la lumière claire des nombreuses lampes au plafond. Nous sommes dans une autre salle d’exposition.

Le jour de l’inauguration du monument, nous apprend-on, une exposition sur les grandes figures du panafricanisme se tiendra dans cette magnifique salle.

Le deuxième étage, toujours dans la statue de l’homme, abrite une pièce devant servir de studio. A côté, il y a un salon Vip, une sorte de Salon d’honneur, nous explique le guide.

L’homme de Culture Alioune Badara Bèye, président de l’Association des écrivains du Sénégal (Aes), semble subitement inspiré devant ce mur blanc : « c’est une fresque qu’il faut mettre là », suggère-t-il.

Le troisième étage se distingue par la salle devant abriter un studio télé pour des enregistrements et projections. En raison des travaux, pour aller au cinquième étage, il faut prendre l’ascenseur qui peut accueillir cinq personnes. En fait d’étage, il s’agit plutôt du sommet de la statue, c'est-à dire le bonnet de l’homme qui abrite un couloir avec des vitres tout autour, donnant une belle vue de l’extérieur. Une fois sorti de l’ascenseur, on a du mal à se croire à cet endroit de la statue, le regard est porté à perte de vue sur Dakar et l’océan. Une vue panoramique. L’Aéroport Léopold Sédar Senghor et ses avions au tarmac semblent si proches, les autres quartiers ont l’air d’être à portée de main. Du côté ouest, la vue surplombe l’océan et l’autre flanc de la colline. Le regard baissé permet d’apprécier la hauteur vertigineuse de 150 mètres, mais aussi de comprendre qu’on est au point culminant.

Tout un complexe autour du Monument

La façade ouest de la colline faisant face à la mer est transformée en vaste chantier. Les camions et pelles mécaniques s’activent sur les lieux prévus pour abriter diverses infrastructures telles qu’un Théâtre de verdure, une esplanade, une tribune, etc. Bref, c’est toute la colline qui sera aménagée afin de rendre le séjour des visiteurs agréable. Déjà, une colombe blanche n’attend pas la réception de l’ouvrage gigantesque pour prendre possession des lieux. L’oiseau est perché dans une cavité du socle, juste au-dessus de la porte d’entrée du côté ouest. A la vue de la colombe, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Moustapha Guirassy, a en tête la charge symbolique jouée par ce frêle volatile dans la conscience humaine.

« C’est très significatif », lance M. Guirassy. Un ouvrier fait savoir que l’oiseau est là depuis le matin, alors que le soleil s’apprête à disparaître au large des flots. « Le premier locataire (du Monument), la colombe de la paix », s’écrie Madjiguène Niang Moreau, administratrice de la Place du Souvenir africain.

En cette année, le Monument de la renaissance africaine accueillera d’importantes festivités. Dans le cadre de la célébration de l’an 50 de l’indépendance du Sénégal, « ce sera une retraite au flambeau spéciale cette année », promet le colonel Antoine Wardini, commandant la Zone militaire 1. Les Lettres seront aussi de la fête lors du « baptême » de l’ouvrage. Alioune Badara Bèye, président de la Commission chargée d’écrire le texte de la fresque du Monument, fait savoir qu’il a travaillé dans ce sens avec Mbaye Gana Kébé. Il annonce aussi la tenue d’un festival « Sons et Lumières » avec, comme metteur en scène, le célèbre Jean-Pierre Leurs, assisté de Seyba Lamine Traoré. « Un spectacle total viendra compléter notre programme », promet-il, avec des extraits de la pièce « La Tragédie du roi Christophe » du poète martiniquais Aimé Césaire. « La Tragédie du roi Christophe parle de citadelle qui s’ouvre sur l’Afrique et les Etats-Unis », explique M. Bèye qui insiste sur le message unitaire véhiculé par l’œuvre du poète martiniquais. La fresque durera 40 à 45 minutes, révèle-t-il.

Source: Le Soleil-Vendredi 12 Février 2010

Un reportage de Malick CISS

OUSMANE DIAKHATÉ, DIRECTEUR DU THÉÂTRE NATIONAL

DANIEL SORANO

« Le Monument est dans nos préoccupations»

Le Monument de la renaissance fait partie des préoccupations de Sorano. La pertinence de la réalisation de ce lieu culturel ne souffre d’aucun doute, de même que la qualité de l’esthétique. Echanges avec Ousmane Diakhaté, Directeur général du Théâtre national Daniel Sorano, à quelques encablures du chantier du Théâtre de verdure en cours d’aménagement au pied de la Mamelle.

Comment percevez-vous cette polémique soulevée par le Monument de la renaissance africaine ?

Je sais que tous les faits humains sont critiquables. Cela est humain. A mon avis, je ne vois aucun reproche à faire à ce monument. Surtout que c’est un monument qui symbolise la renaissance africaine comme d’autres monuments ont pu symboliser d’autres valeurs. Sous cet angle, je n’ai aucune critique à faire bien que j’accepte, dans tous les pays du monde, l’existence de points de vue différents. Cela ne me dérange pas. Je suis parfaitement en phase avec le monument.

Quelles sont, selon vous, les valeurs véhiculées par cet ouvrage gigantesque?

Les valeurs véhiculées par ce monument ne sont pas nouvelles. Tout Africain, compte tenu de l’histoire de l’Afrique, de ses rapports avec le reste du monde, doit rester fier et a même le devoir de se repositionner par rapport à l’histoire et par rapport au monde. Cela ne veut pas dire que c’est une espèce d’isolement. C’est une revendication légitime pour jouer notre rôle dans le monde.

Certains disaient que ce n’était pas lisse par rapport à la musculature. Est-ce que le monument symbolise le mouvement, l’apport au monde ?

Le mouvement est évident. C’est une aspiration, cela est vrai. Une critique, pour qu’elle soit aussi positive, il faut qu’elle soit fondée et argumentée. Si on réagissait à tout ce que les. gens disent, on risquerait d’être superficiel.

Comment analysez-vous ce débat. Est-ce que la vague d’indignation n’a pas éclipsé toute la symbolique de ce monument ?

Non !non ! Au contraire. A chaque fois qu’il y a un débat sain, argumenté dans un but constructif, c’est bien. En tant que démocrate et intellectuel, tout débat sain, soucieux de clarifier, de trouver la vérité, de s’auto-corriger pour mieux faire, ne peut être que positif.

Les Sénégalais viennent de découvrir d’outres ouvrages…

Ça, c’est un théâtre de verdure (au pied de la Mamelle, il désigne du doigt l’espace sur lequel travaillent les ouvriers, ndlr). Plus tard, il pourra accueillir des spectacles parce que le spectacle de théâtre ne se fait pas uniquement dans des lieux classiques. Un monument aussi culturel doit donner une place à l’expression dramatique. Et c’est bien. Le spectacle que nous allons présenter est circonstanciel. C’est-à-dire un spectacle que nous allons présenter pendant l’inauguration. Il s’agit d’un extrait de la tragédie du Roi Christophe d’Aimé Césaire. Vous savez que dans cette pièce, il est question de citadelle, de Renaissance africaine. Il est question de donner un monument qui symbolise la lutte de la libération nègre. Il y a plusieurs affinités entre la finalité du Monument, la renaissance africaine et « la Tragédie du roi Christophe ». Donc, pour l’ouverture, nous venons pour présenter un spectacle symbolique. Plus tard, l’espace restera et servira à toute forme de théâtre.

Vous n’êtes pas impliqués dans la programmation du spectacle au-delà de la représentation à faire pour l’inauguration ?

Cela serait surprenant qu’un lieu d’expression dramatique soit hors de préoccupation d’un théâtre national. Pour la capacité, (M. Diakhaté parle du technicien retrouvé sur les lieux) le technicien nous a parlé de plusieurs milliers. Mon problème, c’est de rapprocher le spectacle des spectateurs. C’est une question qui va être réglée par les architectes. Les techniciens nous ont fait comprendre que l’espace sera prêt bien avant l’inauguration. Il nous arrivera de faire les répétitions sur place.

Au pied du monument, le chantier du Théâtre de Verdure

Source: Le Soleil-Vendredi 12 Février 2010

OPPORTUNITÉ, RETOMBÉES, IMPLICATION, FOI…

Ouakam, entre le « oui » des uns et le « mais » des autres

Directement concernées par le Monument de la renaissance africaine, les populations de Ouakam expriment une diversité de points de vue sur le projet. Et chacun y va selon son niveau d’informations.

Quartier traditionnel des Lébous du Cap-Vert, le village de Ouakam se caractérise par ses ruelles sinueuses et exiguës. Pour quelqu’un qui n’est pas du coin, ces allées peuvent donner l’image d’un labyrinthe où il est facile de se perdre. Mais, avec l’aide des vendeuses, nombreuses sur les ruelles, et des jeunes gens assis devant le portail des concessions, l’on parvient à retrouver son chemin. Et ici, tous les chemins mènent à Bayé, le nom de la place publique de Ouakam. Dans ce lieu, c’est surtout la présence en masse des jeunes qui attire l’attention du nouveau venu. Ils sont sur les trottoirs, sur les bancs de fortune ou devant le portail des commerces, à se bronzer ou à tailler bavette par affinité. « Tous ces gens que vous voyez n’ont pas de travail. Alors, ils se lèvent et viennent causer entre eux », soutient Mbaye, un jeune propriétaire d’une quincaillerie, trouvé en compagnie de quatre de ses amis. Mais l’absence d’activités et le chômage ambiant n’empêchent guère à ces jeunes ouakamois d’avoir leur avis sur les faits saillants de l’actualité. Le Monument de la Renaissance ? Le sujet les concerne directement, car le président de la République a promis de faire bénéficier à ces jeunes du village des retombées que générera l’exploitation de cette oeuvre grandiose, perchée sur l’une des Mamelles, à l’entrée du village. Assane Diop, l’un des compagnons de Mbaye, salue cette belle initiative du chef de l’Etat. Mais, il ne se prive pas de formuler des doléances. Pour lui, Ouakam mérite plus que ce monument. Il invite le président Wade à trouver des projets pour les jeunes du village. « Imagez qu’un club comme l’Uso (Union sportive de Ouakam, le club de la localité, Ndlr) n’a même pas de terrain de jeu. Nous serons obligés de recevoir d’autres équipes au stade Demba Diop. C’est marrant ! », Commente ce passionné de football.

Etre impliqué dans la gestion

La requête de Assane Ndoye est partagée par les camarades. Abdoulaye Ndoye, l’un d’entre eux, s’interroge : « Mais combien a coûté ce monument ? ». « C’est beaucoup en tout cas, lui répond Assane, mais je ne connais pas exactement la somme ». « Tout cela n’est pas important, tranche Abou, l’autre garçon de la bande. Le monument est déjà construit et sera inauguré. Il faut maintenant qu’on implique les populations du village dans sa gestion. C’est ce que nous demandons ». Un peu plus loin, au quartier Mboul, Ibrahima semble avoir une opinion très structurée sur ce monument. D’abord, soutient-il, l’argent consacré sur ce monument pouvait servir à d’autres priorités comme les inondations dans la banlieue et la résorption de la pauvreté dans certaines zones du pays. Ensuite, « l’implantation de ce monument nous cause d’énormes problèmes, puisqu’il surplombe le cimetière de Ouakam. Cela n’est pas vu d’un bon œil dans le village », commente-t-il. Du point de vue esthétique, ce jeune homme soulève également des griefs sur l’image de cette « femme » en torse nu. « Cela n’est pas une bonne chose puisque ça heurte la sensibilité religieuse des individus comme moi qui suis musulman ».

Si chacun y trouve son compte…

Cet argument religieux mis en avant par Ibrahima est dégagé en touche par Thieudou Fall. Ce boulanger, trouvé au marché de Ouakam, est formel : « Un vrai musulman peut vivre sans se soucier d’un monument ou d’une quelconque statue qui la dérangerait. Seule la foi est importante », soutient le jeune homme. Le boulanger trouve d’ailleurs inutile tout ce tapage qui entoure le Monument de la Renaissance. Il ajoute : « beaucoup de marabouts vont en Europe ou aux Etats-Unis et ils y trouvent des monuments. 

Pourtant, aucun d’entre eux n’a jamais refusé de se rendre dans ces pays occidentaux ». Abordant la question sur un autre angle, Ibrahima s’appuie sur les emplois que générerait ce monument au profit des populations de Ouakam. « On a dit que cela va permettre aux jeunes de travailler. Mais est-ce qu’on s’est demandé le nombre de jeunes qui sont diplômés en hôtellerie ou en tourisme ? Tout cela est à éclaircir », relève-t-il. Quant au commerçant Ibrahima Guèye, il craint le pire avec l’arrivée de touristes qui viendront visiter le monument. « Les moeurs seront de plus en plus dégradées dans le village, soutient-il. Moi, j’ai fait l’hôtellerie et je sais ce que cela signifie ». S’appuyant sur ses lectures dans la presse, ce jeune homme se demande même l’utilité de ce monument pour son village. « Car, j’ai entendu qu’une partie de ses recettes iront à la Case des Toutpetits. A quoi bon donc se fatiguer pour rien ?», se désole-t-il. A Ouakam, comme d’ailleurs chez la plupart des Sénégalais, le Monument de la Renaissance soulève une diversité d’opinions, souvent difficiles à concilier.

Mais aussi, les populations ne semblent pas être au même niveau d’informations sur la signification de ce projet du chef de l’Etat. Sur ce point, Ibrahima retient : « Avant l’érection de ce monument, l’Etat devait demander l’avis des Ouakamois comme nous sommes directement concernés par le projet. Mais, nous avons été écartés de tout cela. Et c’est pas une bonne chose de la part des autorités », estime le jeune homme. 

Source: Le Soleil-Vendredi 12 Février 2010

Reportage de Maguette NDONG




African_Reneissance_6Sons, lumières, verbe, formes et couleurs pour une Renaissance

Une Exposition sur les grandes figures du panafricanisme et de la résistance africaine, des extraits de la « Tragédie du roi Christophe » à travers un spectacle Sons et Lumières, l’exécution de l’hymne de la renaissance africaine et la remise des prix aux lauréats du concours de poésie sur le thème, seront les principales activités culturelles qui accompagneront l’inauguration, le 3 avril prochain, du Monument de la renaissance africaine. 

Selon Sahite Sarr Samb, directeur de Cabinet du ministre de la Culture et Coordonnateur de la Commission nationale chargée de la préparation et de l’inauguration du Monument de la renaissance africaine, le travail de ce comité a commencé depuis août 2009. Et il a été envisagé deux activités sur trois plans. 

« D’abord, il y aura des activités satellites, c'est-à-dire des activités culturelles préparatoires, de mobilisation, d’informations, de sensibilisation des populations. C’est un peu le « off ». Et d’autre part, il y aura des activités « on », c’est-à-dire le jour de l’inauguration et des activités après l’inauguration », a expliqué Sahite Sarr Samb.

Pour l’inauguration, il y aura trois activités majeures sur le plan culturel. Il y aura la présentation de certains extraits de la « Tragédie du Roi Christophe », par le Théâtre national Daniel Sorano, sous format de spectacle « Sons et Lumières ».

Au premier étage du monument, il y aura une Exposition sur les grandes figures du panafricanisme et de la résistance africaine qui sera présentée par le ministère de la Culture, à travers sa direction du Patrimoine culturel. « On travaille sur l’Exposition sur la renaissance africaine.

En tenant compte, bien sûr, de la partie africaine, sans oublier que le mouvement de la renaissance nous est presque revenu comme un effet boomerang à partir de la Diaspora, de l’Amérique, de l’Europe, là-bas en Angleterre, en France où des rassemblements d’intellectuels panafricains ont eu lieu », a confié Hamady Bocoum le directeur du Patrimoine. L’exposition, d’après ses explications, va rappeler tout ce mouvement- là, de faire aussi des clins d’œil à des événements importants de l’histoire de l’Afrique.

Le directeur du Patrimoine, par ailleurs enseignant à l’Université de Dakar, estime que l’Afrique n’a pas toujours été un continent à la traîne.

Elle est un continent où un certain nombre d’inventions importantes qui participent au patrimoine technologique et scientifique de l’humanité ont eu lieu. Tout cela il faut le mettre en perspective.

Le 3 avril, jour de l’inauguration, il y aura également l’exécution, par des jeunes, mais aussi des musiciens de l’Orchestre national, de l’hymne de la renaissance africaine.

Un concours a été organisé sur le thème de la renaissance africaine, la remise des prix se fera également dans le cadre de l’inauguration. Les lauréats seront au nombre de trois.

Selon Sahite Sarr Samb, il est prévu aussi la présentation de l’édition de l’Anthologie, le recueil de poèmes sur ce concours sur le Monument de la renaissance africaine.

En sa qualité de Coordonnateur de la Commission nationale chargée de la préparation et de l’inauguration du Monument de la renaissance africaine, M. Samb rassure que les populations, toutes les communautés du pays, mais aussi les communautés africaines vivant au Sénégal, seront concernées par l’inauguration. Ce sera à travers leurs représentants qui seront là le jour de l’inauguration, par un jalonnement de l’accès au monument.

Source: Le Soleil-Vendredi 12 Février 2010

Par Oumar DIOUF

SAHITE SARR SAMB, DIRECTEUR DE CABINET DU MINISTRE DE LA CULTURE ET HAMADY BOCOUM,

DIRECTEUR DU PATRIMOINE CULTUREL

Augmenter le potentiel de création et de diffusion culturelle

De grandes utopies produisent parfois de grandes réussites. Un lieu de mémoire, dans sa gestion, augmente le potentiel culturel d’un pays. C’est ce qui est attendu de ce Monument de la Renaissance africaine qui a pour destin d’être une pièce du Patrimoine mondial.Regards croisés du directeur de Cabinet du ministre de la Culture, Sahite Sarr Samb et du directeur du Patrimoine culturel, Hamady Bocoum.

Le Monument, souligne Sahite Sarr Samb, directeur de Cabinet du ministre de la Culture, est une infrastructure culturelle. Le département de tutelle pense déjà à sa gestion.

« Entre autres, maintenant, il s’agit de développer un musée sur la renaissance africaine. L’embryon de ce musée, c’est déjà l’exposition qu’on va monter pour le jour de l’inauguration. Mais, aussi d’autres activités culturelles sur lesquelles nous sommes entrain de réfléchir » affirme le directeur de Cabinet du ministre de la Culture. Se prononçant sur l’opportunité d’une telle oeuvre, M. Samb estime qu’à chaque fois qu’il y a une nouvelle infrastructure culturelle, on augmente le potentiel de création et de diffusion culturelle au Sénégal.

Le directeur du Patrimoine, Hamady Bocoum, lui, est convaincu qu’on ne fait rien sans grandes utopies.

Et ces grandes utopies, il faut leur donner un visage. Ainsi, il pense que le monument participe à donner un visage, un contenu, une âme à la renaissance. Ce sera un lieu où l’on vient se ressourcer. Et la direction du Patrimoine va faire de « son » mieux pour que l’exposition qui sera présentée le jour de l’inauguration, réponde à cet idéal là.

Au-delà de l’inauguration, la gestion d’un monument de cette envergure, selon le directeur du Patrimoine, demandera certainement un système spécifique. Cela devrait être l’affaire du ministère de la Culture en général, et de manière expansive, l’affaire de tous ceux qui réfléchissent autour du patrimoine.

Quelle que soit la tutelle du monument, Hamady Bocoum souligne que ce sera un espace de convergence pour tous ceux qui travaillent sur le thème de la renaissance africaine. En pensant que l’oeuvre va devenir très rapidement un monument classé, M. Bocoum répond qu’elle peut bien figurer un jour sur la liste du patrimoine mondial.

« Le Patrimoine mondial est extrêmement vivant, son invention a pris plusieurs décennies. Aujourd’hui, ça évolue encore. C’est vrai, il est rare que des monuments contemporains s’y retrouvent. Mais, il y a quand même l’Opéra de Sydney qui s’est retrouvé sur la liste du patrimoine mondial. Donc, ce monument ça peut arriver ! », Remarque Hamady Bocoum. Comme il le dit plus haut, il faut parfois se nourrir d’utopies…

Source: Le Soleil-Vendredi 12 Février 2010

Par Oumar DIOUF


Un lieu du souvenir, ce Monument de la renaissance africaine. Un symbolique forte pour remobiliser la jeunesse autour des défis de l’heure. Certains puisent dans le passé des paroles de grands fils du continent pour porter l’initiative du président Wade. D’autres positivent la polémique qui exprime le caractère vivant de l’ouvrage tout en souhaitant que cela fût sculpté par un Africain. Tous, enfin, trouvent, dans cette source d’inspiration, une raison d’aborder l’avenir avec foi.

ALASSANE CISSE, JOURNALISTE CULTUREL, 

COORDINATEUR DES JOURNALISTES CULTURELS D’AFRIQUE EN RESEAU 

« Une symbolique capitale pour les 50 ans d’indépendance »

« Le Monument de la renaissance africaine est une œuvre d’art monumentale. La symbolique du Monument est capitale en cette année 2010 durant laquelle la plupart des pays africains célèbrent les 50 ans de leur indépendance.

Des moments forts et de belles occasions pertinents pour inculquer à la jeunesse africaine des idéaux du panafricanisme et leur faire connaître des inventions du monde noir. Cette jeunesse, confrontée aux méfaits de la mondialisation, a besoin de s’abreuver des messages, du legs et de suivre les exemples des figures de proue du panafricanisme de la trempe de Kwame N’Krumah du Ghana, de Robert Umniobé du Cameroun, de Patrick Lumumba du Congo, de Gamal Abdel Nasser d’Egypte, de Cheikh Anta Diop, Léopold Sédar Senghor du Sénégal, ou encore de Modibo Keïta du Mali, de Jomo Kenyatta du Kenya, de Julius Nyerere de la Tanzanie, Habib Bourguiba de la Tunisie, etc.

A mon sens, l’inauguration du Monument de la renaissance africaine, qui coïncide avec le cinquantenaire des indépendances, doit servir de tremplin pour remobiliser les consciences, surtout du côté de la jeunesse du continent qui doit prendre conscience de sa mission de construire le continent. Comme disait Frantz Fanon : « A chaque génération de prendre conscience de sa mission, la remplir ou la trahir ». J’ose espérer que la jeunesse africaine va remplir sa mission, compte tenu des enjeux du développement, et s’inscrire dans la dynamique de Thomas Sankara qui affirmait : « Il faut oser inventer l’avenir du continent ».

Ainsi, le Monument de la renaissance africaine, où il y aura des expositions sur les grandes figures du Panafricanisme, va nourrir et alimenter la réflexion et l’action des jeunes africains qui vont se ressourcer, s’offrant ainsi des « armes miraculeuses » pour contribuer à l’émergence d’une Afrique créative, inventive et conquérante ».


ALIOUNE BADARA BEYE, PRESIDENT DE L’ASSOCIATION DES ECRIVAINS DU SENEGAL ET COORDONNATEUR GENERAL DU FESMAN III

« Il ne faut pas confondre statue et monument »

« Sur le plan culturel, le Monument est d’une utilité aussi bien nationale qu’internationale. Il faut surtout voir le symbole.

Il ne faut pas confondre statue et monument : le monument a un caractère plus culturel, plus symbolique et, avec la statue c’est quand on parle de paganisme. 

A mon avis, le contenu est aussi important que l’aspect symbolique. Sur le plan esthétique, on ne peut pas dire que le Monument n’est pas beau. C’est une œuvre d’art avec un esprit de créativité. On est parti d’une idée du président de la République, Me Abdoulaye Wade qui, dans son livre « Un destin pour l’Afrique », a bien campé les trois personnages, comment il les voyait et comment il les a dessinés.

Et maintenant, le reste, c’est le travail de l’architecte.

Sur le plan économique, les retombées seront tout bénéfice pour le Sénégal. Les gens doivent savoir que le Monument n’est pas une affaire sénégalo-sénégalaise. Il découle d’abord d’un processus africain. C’est un projet qui a été porté par l’Union africaine, notamment lors du Symposium sur les Etats unis d’Afrique. En dehors de l’idée du président Wade, il a été porté et soutenu par les intellectuels africains.

C’était le cas lors de la dernière réunion du comité scientifique du Fesman III, au cours d’une résolution. Ce qui prouve qu’ils vont se l’approprier sur le plan de la réflexion, de la vulgarisation, de la sémantique et du contenu. Les théoriciens de l’esprit vont se mettre au travail. »


mrMADJIGUENE NIANG MOREAU, ECRIVAIN, 

DIRECTRICE DE LA PLACE DU SOUVENIR

« Méditer la problématique de la résistance »

« Je commencerai par dire que c’est une très belle statue, avec une a r c h i t e c t u r e d’envergure. Sur le plan intellectuel, je peux dire que le président Wade a réussi une œuvre grandiose, symbolisée par la renaissance et le panafricanisme.

C’est un acte à saluer et à accompagner pour en faire bénéficier les générations futures. En tant qu’écrivain, j’aurai beaucoup de plaisir à venir ici pour avoir de l’inspiration. C’est aussi une occasion que le président Wade nous donne pour réfléchir sur la renaissance africaine. Les intellectuels africains doivent méditer cette problématique.»


CHEIKHA, STYLISTE DE LA MARQUE « SIGGUIL »

« J’aurais souhaité que cela soit dessiné par un sculpteur africain »

« Le monument est déjà là. Les commentaires vont se poursuivre, dans le temps. L’essentiel, pour moi, c’est de se soucier des générations à venir. A mon sens, chaque génération doit être marquée par quelque chose. Le Monument vient rappeler la nécessité d’immortaliser des aspects de notre culture et d’aller sur de nouvelles bases. Par rapport à l’intérêt culturel, j’aurais souhaité que cela soit dessiné par un sculpteur africain, une manière d’accompagner les créateurs africains. Dans ce cas de figure, il y aura plus de punch, plus de valeur. A mon sens, l’esthétique ne pose pas de problème mais, historiquement, cela devrait être dessiné par un sculpteur africain, un professionnel du métier. »

Source: Le Soleil-Vendredi 12 Février 2010

Propos recueillis par El Hadji Massiga FAYE

Joyau du Dakar du futur, tremplin pour le tourisme

La polémique sur l’opportunité de l’édification du Monument de la renaissance africaine a fini d’occulter l’importance de cette œuvre d’art majeure dans la promotion de la Destination-Sénégal. Selon plusieurs spécialistes, le monument est parti pour se positionner comme la première destination touristique du Sénégal.

Outre la statue qui demeure la pierre angulaire de l’édifice cher au président Abdoulaye Wade, l’ouvrage est composé d’un espace muséographique, de centres de conférences, d’un Village artisanal, d’un Théâtre de verdure et de boutiques.

Suffisant pour convaincre les responsables de l’Agence nationale de la promotion touristique du Sénégal (Anpt) à commanditer une étude sérieuse pour jauger efficacement tous les avantages comparatifs que cette oeuvre architecturale pourrait apporter au tourisme sénégalais, gros pourvoyeur de devises.

En tous les cas, ce monument devrait compléter les 44 lieux touristiques que compte le Sénégal, à en croire le très sérieux quotidien américain « New York Times », qui abordait la question, il y a quelques jours.

En fait, renseigne Doudou Gnagna Diop, le président de l’Organisation nationale pour l’intégration du tourisme sénégalais (Onits), l’édifice va plutôt booster le tourisme de luxe et d’affaires puisque son exploitation va drainer des millions de touristes adeptes du haut de gamme.

Avec plus de 12 milliards de francs Cfa en fonds publics et privés investis dans le projet, il est avéré que l’aspect développement urbain et touristique a été largement pris en compte sur la période 2010-2015 avec un formidable effet de levier des investissements privés sur l’axe Ouakam-Almadies-Ngor-Yoff considéré par les aménagistes-paysagistes comme le Dakar du futur. Si les responsables de la future société de gestion du Monument de la renaissance africaine arrivent à réaliser une bonne articulation avec le prochain Festival mondial des arts nègres (Fesman), nul doute que le tourisme sénégalais ne s’en portera que mieux.

Par ailleurs, les gestionnaires de l’oeuvre d’art sont appelés à tirer le meilleur parti des tendances actuelles du loisir et du tourisme pour étonner davantage les adeptes de la Destination-Sénégal.

Le Monument de la renaissance africaine sera sans doute un formidable stimulateur de croissance économique et de développement pour le Sénégal. Le montage financier de l’édifice effectué sur le modèle dit Leveraged-Buy-Out (financement par effet de levier) a déjà pris cette dimension de donner un second souffle économique à la zone qui abrite le projet.

Le développement urbain de cette zone située non loin de l’Aéroport Léopold Sédar Senghor va attirer à la fois habitants et entreprises. Le seul bémol à apporter réside dans la nécessité d’une meilleure implication des responsables du Syndicat patronal de l’industrie hôtelière du Sénégal (Spihs). Ces professionnels seraient à coup sûr d’un apport considérable pour une rentabilité effective de ce projet majeur. Au grand bénéfice de l’économie nationale.

Source: Le Soleil-Vendredi 12 Février 2010

Par Mamadou Lamine DIATTA

Un bon plan de marketing pour vendre le Monument à l’extérieur

Faire taire la polémique, dérouler une politique de marketing agressive dans les pays pourvoyeurs de touristes, mais aussi rendre Dakar attrayante, voilà des propositions faites par deux hôteliers de Saly, la station balnéaire de la Petite Côte.

Saly, une localité qui doit sa célébrité à son rôle balnéaire, offre au regard, ce vendredi matin, ses hôtes au teint bronzé se pavanant dans les rues. Echoppes proposant des objets d’art hétéroclites, des tee-shirts de souvenir des Tropiques sont à profusion, tout comme les auberges qui se multiplient, au grand dam des hôtels. Parmi ces derniers, il y a « Les Bougainvilliers ».

Le directeur général de l’hôtel, Boubacar Sabaly, nous accueille dans un bureau sobre, agrémenté de statuettes dont un Bouddha offert par un client. Sur le bureau, trône un petit livre d’extraits de versets du Coran. Nous sommes venus discuter du Monument de la renaissance et du secteur touristique, mais l’homme déclare, sans ambages, qu’il ne dispose pas d’assez d’informations sur l’oeuvre en bronze qui trône sur l’une des Mamelles.

Son confrère Ibrahima Diawara, directeur d’exploitation de Savana Saly, n’est pas mieux renseigné que lui. « Il faut d’abord expliquer ce que ce monument comporte », dit M. Diawara.L’idée d’un ouvrage sur la renaissance africaine ne le laisse pas insensible, « ça paraît être un sujet intéressant pour les touristes. Je ne suis pas contre l’idée. La renaissance de l’homme noir, je suis 100 % d’accord », dit-il.

A sa connaissance, ajoute cet homme qui a fait le Cap Skirring et les îles du Saloum, il n’y a pas au Sénégal de monument touristique. Quid des retombées que le monument pourrait avoir dans l’avenir pour le secteur du tourisme ?

Arrêter la polémique et donner une valeur touristique

Ibrahima Diawara recommande d’abord de faire cesser la polémique sur le monument et de pousser la concertation autour de l’ouvrage.« Sur la mise vestimentaire, ce serait une bonne chose de couvrir la nudité de la femme, mais ça ne me choque pas, les gens aiment polémiquer.Il faut éviter que la polémique perdure, le monde est un gros village », se désole-t-il. « A l’état actuel, avec les informations sur le monument, il est difficile d’évaluer son impact futur sur le tourisme.Pour le moment, renchérit prudemment M. Sabaly, il n’est pas fini ». Mais il ne manque pas d’idées, le patron des « Bougainvilliers » : « même fini, on doit faire le produit touristique, le mettre en valeur, sinon ce serait juste un monument qui n’aura pas de valeur marchande ». Il faut, poursuit-il, donner à l’œuvre une valeur touristique. L’hôtelier cite en exemple un baobab à Nguéniène très visité par les touristes, dans un pays où cet arbre pousse à profusion. « Tout dépend de la communication pour donner de la valeur à ce baobab », explique-t-il pour dire qu’il faut agir de même pour drainer du monde aux Mamelles. M. Diawara suggère la fabrication de supports comme des plaquettes à distribuer. Il remarque que « la communication fait défaut à ce niveau ». Il propose en passant l’implantation sur le site de restaurant-bar pour prévoir les déjeuners des visiteurs, puisque « quand on part à Dakar, c’est pour la journée ». Une salle de conférence avec un conservateur qui expliquera aux visiteurs ce qu’ils vont voir serait un plus, poursuit le patron de « Savana Saly ». 

« Comme feu Joseph Ndiaye le faisait à la Maison des esclaves de Gorée, de la même manière ce serait bon de réunir les gens et leur expliquer pour les imprégner de ce qu’ils vont voir », préconise M. Diawara.

Les expositions prévues sur les lieux, poursuit Boubacar Sabaly, offriront certainement des atouts au monument. Prudent, il suggère de « s’inscrire dans la durée pour rentabiliser le monument. Revisitant le passé, il cite l’exemple de la Tour Eiffel de Paris, une idée de l’ingénieur Gustave Eiffel décriée à l’époque, mais qui a fait du chemin avant de devenir aujourd’hui l’un des lieux les plus visités au monde. Et cela est passé par la communication.

« On a fait de la communication pour donner de la valeur à la Tour Eiffel. C’est de la ferraille, mais on lui a donné de la valeur marchande ».

Donc, estime-t-il, le Monument de la renaissance africaine pourrait s’imposer à long terme, si on l’intègre dans le grand ensemble qu’est Dakar. « En dehors de la statue, il faut avoir d’autres points d’appui. Le monument seul ne peut pas être une motivation de voyage, dans Paris, il n’y a pas que la Tour Eiffel. Le monument est un ensemble dans Dakar. Tout dépend de la communication autour du monument. Si ça correspond aux besoins du marché, il aura une valeur marchande, sinon il n’attirera pas », avertit l’hôtelier.

Régler le problème de la mobilité à Dakar

Par communication, il se veut précis : « il ne s’agit pas de communication interne, l’étranger doit connaître ce monument », suggère-t-il. Cela suppose « savoir à qui vendre » et identifier les besoins du client « pour le pousser à consommer ».

Mais « si le besoin de c o n s omme r n’est pas exprimé, il faut susciter l’envie de visiter » grâce à l’esthétique, les aménagements à l’intérieur et à l’extérieur du monument.

L’offensive communicationnelle à l’extérieur du Sénégal ne doit pas concerner seulement l’ouvrage.

« Je ne crois pas que le monument seul puisse être vendu, c’est la ville de Dakar globalement qui est à vendre, comme Gorée qui donnait de la valeur marchande à Dakar ». Il cite comme autres sites la cathédrale de Dakar, le marché Kermel, la Place de l’Indépendance. 

« Pourquoi ne pas vendre (l’image du monument) à l’extérieur ? Il y a un marketing à développer autour, faire savoir aux touristes qu’au Sénégal, on peut visiter un monument comme quand on va à Paris pour demander la Tour Eiffel. Il faudra une politique de marketing accrue, agressive. Il faut que les tours operators le sachent d’abord depuis l’extérieur», renchérit Ibrahima Diawara de « Savana Saly ».

S’il y a une bonne politique de marketing, ajoute-t-il, l’hôtellerie peut s’attendre à des retombées.

Mais M. Sabaly s’empresse de mettre le doigt sur les difficultés de mobilité dans la capitale.

« Aujourd’hui, déplore-t-il, les gros bus ne peuvent même pas se garer ». A son avis, si cela continue, ce sera un handicap pour le monument. 

Donc, ajoute-t-il, la capitale sénégalaise doit offrir un autre visage pour être attractive.

« Pour aller à Dakar, il faut trois heures à certaines périodes. On ne va pas se déplacer six heures en aller-retour pour 45 minutes de visite. Il faut d’autres produits pour que le client puisse retrouver ce qu’il a dépensé », suggère- t-il. Les problèmes de déplacement sont un « frein », estime M. Diawara.

Dakar-Saly, explique-t-il, ça peut prendre trois à quatre heures de route, alors qu’un vol Paris-Dakar met cinq à six heures. « C’est un vrai problème. Ce qui compte pour le client, c’est à quel moment il arrive », précise M.Diawara, qui demande des solutions à ce problème pour éviter les pertes de temps.

Quant à la question de savoir si le monument peut jouer le même rôle que la Tour Eiffel, l’hôtelier répond : « ce n’est pas le même contexte, l’Europe a déjà une image positive, l’Afrique a ses aléas et contraintes, ce n’est pas sûr que ceux qui viendront mettront en valeur le monument », craint-il.

La Tour Eiffel, rappelle-t-il, a pris beaucoup de temps pour avoir de la valeur touristique.Alors, « je souhaite le même succès au monument.Peut-être ce monument va évoluer dans le temps », ajoute notre interlocuteur.

Boubacar Sabaly déplore aussi l’inexistence d’un calendrier culturel vendable, « il y a quelques manifestations ça et là », se désole-til. Le seul produit qui fait courir les touristes au Sénégal, c’est le balnéaire « qui a tendance à s’essouffler faute d’appui culturel et artisanal », constate l’hôtelier. Nos concurrents ne manquent pas d’atouts, l’Egypte a ses pyramides et les ballades sur le Nil, le Kenya ses parcs plus attractifs, alors que « nous avons du mal à faire émerger les produits dérivés qui peuvent être un motif de voyage au Sénégal. Cela affaiblit le balnéaire. Si nous avions des événements culturels, ils pourraient être des appuis », estime le patron de l’hôtel « Les Bougainvilliers ». Au Sénégal de se réajuster.

Source: Le Soleil-Vendredi 12 Février 2010

Par Malick CISS


Des touristes émerveillées par le monument, même si…

 

Sous un soleil timide aux rayons qui ne réchauffent pas un Sahélien, un groupe de touristes en maillots de bain se prélasse sur la plage de Saly. Mme Bocquet, une Belge qui vient passer du bon temps depuis vingt ans, se dit surprise de voir, à sa descente d’avion l’ouvrage qui surplombe l’une des collines des Mamelles. « Je l’ai vu hier, c’est très grand », dit-elle en écarquillant les yeux. Elle est déjà au courant : « on en parle en Belgique, ça fait un grand raffut au Sénégal ». 

Elle semble toujours ne pas revenir des dimensions de la statue, « mais c’est immense, je l’ai vue », ne cesse de répéter la dame qui a transformé sa serviette en pagne à l’approche de notre photographe. Comme envoûtée, elle ajoute : « la forme est jolie ! ». Pour se faire une idée, « j’irai le voir comme beaucoup de curieux », promet Mme Bocquet. Mme Desforges, elle aussi, elle a vu. Dès l’aéroport, précise cette dame qui parcourt les plages sénégalaises depuis dix ans après un intermède de trois ans. A la sortie de l’aéroport, poursuit-elle, « on a demandé au taximan qui nous a dit que c’est fait par le président de la République et que ça a coûté beaucoup d’argent ». Elle ne rentrera pas en Europe sans l’avoir vu de très près, « je compte y aller mardi prochain », promet Mme Desforges.

Une autre touriste, Mme Fiard, ne rame pas à contre-courant, « je trouve le prix pharaonique quand je vois la vie autour, on aurait pu aider tous ces gens à côté », ajoute la dame qui vient régulièrement au Sénégal depuis 15 ans.

Rapidement, elle relativise son point de vue, « chacun voit les choses comme il l’entend ». Malgré sa position, Mme Fiard promet de visiter le monument. « On le dit tellement grand ! », s’émerveille-t-elle.

Source: Le Soleil-Vendredi 12 Février 2010

mr1Dialogue entre internautes sur le devoir de mémoire

Le réseau social Facebook est devenu depuis quelques temps, le réceptacle des opinions sur la pertinence et l’opportunité de construire le Monument de la renaissance africaine. « Africa is standing up », (comprenez le réveil de l’Afrique en anglais).

L’inscription barre la page d’accueil d’un lien sur le réseau Facebook, à côté de la maquette du projet. Pour ou contre le Monument de la renaissance africaine, opinent à souhait sur ce projet culturel. Un peu plus de 500 réactions enregistrées à la date du 19 janvier 2010. Sylvie Mare, élève au lycée Jean Mermoz, adhère à cette initiative.

Elle en est toute séduite. « Je l'ai aperçu de très loin, je me disais, mais c'est quoi ça ? C'est après que j'ai compris c'est que la plus imposante statue que j'ai jamais vu. On ne peut que ressentir fierté devant une telle œuvre».

La jeune lycéenne trouve que c'est « génial » et cela constitue un « beau trésor » pour le Sénégal.

Sylvie fait partie des gens qui soutiennent ce projet et elle s’est engagée à vulgariser le profil du site qui se trouve sur Facebook.

« Il est vrai qu'il y a beaucoup de discussion autour mais c'est tout à fait normal, estime-t-elle. Ceux qui sont contre sont ceux qui parlent le plus. » 

Visiblement convaincue, Tima Ndiaye prédit que la renaissance africaine est imminente et il est tout à fait normal qu'elle fasse peur, aussi bien aux bourreaux de l'Afrique et à certains de ses fils égarés.

« Désolée de n'avoir pas pu être là quand les grands Spartacus précurseurs du mouvement de la renaissance africaine, tel Marcus Garvey, William Padmore, W. E. B. Dubois, A. Firmin lancèrent l'idée pour la première fois, écrit-elle. Je suis fière de pouvoir me considérer comme contemporaine de

Cheikh Anta Diop et de Kwame Nkrumah, mais triste de n'avoir pas pu descendre au four à côté d'eux.

Heureuse de vivre l'irruption des colosses de Dakar, sortant des entrailles des Mamelles, quittant ainsi l'obscurantisme pour aller vers la lumière ».

L’avis de Tima est partagé par Nafissatou Fall. « Absolument c'est la lecture que l'on en fait qui est importante.

S'agit-il de l'ivresse du pouvoir, de la folie des grandeurs ou bien du réveil de l'Afrique ? La renaissance africaine doit être le combat de toute la jeunesse africaine ». 

Pour sa part, Poom Njaay est en phase avec ce monument mais en même temps se préoccupe de la destination des profits.

« Pourquoi l'argent généré n'irait-il pas au Trésor public plutôt que dans les caisses d'une fondation qui échappe à tout contrôle ? Ce statut n'est pas la propriété de Wade mais plutôt celle de tous les Sénégalais donc les revenus de cette statue doivent profiter à tous les Sénégalais ».

Pour sa part, Sabassy Sow exprime un souci d’ordre environnemental. « Il y a une question qui me tourmente. Ont-ils pensé à l'érosion côtière, l'avancée de la mer dans cette zone ? Le monument repose-t-il sur quelque chose de stable ? »

A cette préoccupation, Momobi Diallo rassure : « le monument est loin de la côte et l'avancée de la mer ne menace pas cette zone. Le site est rocheux et presque "inhabitable" .Il a fallut faire des travaux de terrassement avec une technologie assez pointue pour aménager et valoriser l'espace ».

« Un produit culturel et non cultuel »

Sur un autre registre, l’imam Tafsir Ndiour de Thiès lève toute équivoque.

«Tous ceux qui prient derrière moi, savent que je n'ai rien contre le Monument de la renaissance.

Cela doit être considéré comme un produit culturel et non cultuel. En effet, les imams du Sénégal ont d'autres priorités que de se focaliser sur des monuments dédiés à la culture, à l'histoire et au tourisme ».

«Le tollé suscité par le monument est incompréhensible, d'autant plus qu'il y a au Sénégal plusieurs autres monuments érigés avant celui de la renaissance africaine !», s'exclame l'imam de Moussanté. Dans une interview accordée au journal « Le Messager », reprise par le site lemonument. info, Idrissa Diop, en tant qu'artiste, soutient ce projet. Il annonce qu’il se produira en concert à côté du rappeur Akon, le jour de l'inauguration du monument, le 3 avril 2010. Pour I. Diop, il y a toujours des contestations, des gens seront contre etd'autres apprécieront cette réalisation. A contrario, Mouhamet Diop désapprouve le projet. « Je ne suis pas du tout fan de ce monument, lance-t-il sur un ton péremptoire. Je le condamne avec toute énergie ».

Moins catégorique, Idrissa Diop estime qu’il faut savoir que les goûts et les couleurs ne se discutent pas. « Je crois qu'avec le temps « Inch Allah » (s'il plait à Dieu), on se rendra compte que ça été un travail énorme et que l'idée que le président à eue pour doter le Sénégal de ce monument est énorme et magnifique » souligne-t-il.

Ecrivain, dramaturge, Marouba Fall est bien inspiré dans le poème, « Je voudrais construire mille Statues… »

Extrait du recueil inédit Corps D'eau etde la seconde saison « Courrier du fleuve », il écrit : « Je suis un homme au passé dépouillé comme une femme au pagne pauvre qui me talonne ainsi mon ombre (…)

Un symbole de l’interculturalité

Un homme qui hèle avec foi l'avenir comme un enfant souriant au soleil levant Fille qui fleurit au bord du fleuve ne les écoute plus (…) 

Elle est un cri de pierre qui éperonne la race l'exhorte à l'unité et au travail un présent pour la nourriture du Futur (…) 

Avec un autre regard, le sociologue Kaly Niang, y voit un symbole de l’interculturalité. « A l'ère de la Gouvernance Mondiale est-il possible d'empêcher les contacts interculturels ? se demande-t-il. Doit-on vivre en autarcie pour ignorer la présence de l'autre ? » Pour lui, la réponse à ces questions constitue la toile de fond du débat sur le Monument de la renaissance africaine. De son point de vue, « le champ de l'inter culturalité pose la question du dialogue des cultures, des civilisations, par la même occasion celle des rapports que doivent entretenir les groupes humains ». 

Selon la compréhension du sociologue, ce concept représente une chance et une richesse lorsqu'elle est vécue comme une amorce de dialogue, d'échanges entre les différentes communautés. Poursuivant avec la même grille d’interprétation, Amadou Diouf, administrateur général du mensuel panafricain, « Première Ligne » affirme qu’ « aucune communauté religieuse, ou non religieuse, ne peut et ne doit imposer une vue à l’autre. Aux musulmans leurs minarets, aux Chrétiens leur clocher, aux animistes leur autel et aux athées leur liberté de ne pas croire en Dieu. Aux Africains, leur Monument de la renaissance ».

Selon lui, on peut, de manière pertinente, discuter de son opportunité eu égard au contexte économique du Sénégal. Mais ramener le débat dans le cadre religieux est, à mon avis, dangereux. 

Il faut juste rappeler que nous sommes dans un pays laïc. Par conséquent, fondé sur la tolérance et la liberté de culte.

Source: Le Soleil-Vendredi 12 Février 2010

Par El Hadji Massiga FAYE

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Si la France a sa Tour Eifel et l’Amérique sa Statue de la Liberté, le Sénégal aussi doit être fier de son Monument de la renaissance africaine. Et que donc, du point de vue économique et touristique, les responsables du Tourisme sénégalais accueillent ce monument comme une aubaine, une carte postale pour rendre le Sénégal plus visible.

Un support pour la promotion de la Destination-Sénégal. Chez les responsables du secteur du Tourisme, le Monument de la renaissance doit être un appui de taille que le ministère du Tourisme a très tôt compris et compte bien tirer profit. « Nous avons voulu être pragmatique en prenant le Monument de la renaissance comme un élément de support pour mieux vendre la Destination-Sénégal et attirer le maximum de touristes », indique le directeur de Cabinet du ministère, Cheikh Sadibou Dia.

Contrairement aux critiques et autres préjugées sur le monument, ce dernier en a une autre perception et qu’il considère comme un support parmi tant d’autres qu’on pourrait mettre à profit pour rendre plus attractive la Destination- Sénégal. 

Mais aussi, un élément symbolique. « Moi je l’assume, je crois que c’est une fierté qu’un pays, qui a eu à inscrire le Panafricanisme dans sa Constitution, accueille un monument qui porte le nom de renaissance africaine. Cela est une fierté parce que ça pouvait s’implanter dans un autre pays et on serait obligé de le magnifier.

C’est une fierté pour moi de comprendre que ce monument va nous survivre et donc c’est actif à mettre dans le Patrimoine culturel du pays », pense M. Dia.

Rien que pour ces aspects symboliques, le directeur de Cabinet du ministre du Tourisme, opte pour une meilleure valorisation du monument qui est à capitaliser pour en faire un élément de promotion touristique.

« Je crois qu’il faut aller vers la dédramatisation et dépassionner vraiment le débat et comprendre que c’est une œuvre magistrale comme il en existe partout dans le monde et qui peut servir de carte postale pour identifier le Sénégal dans le gotha culturel mondial et aider à une meilleure visibilité », estime Cheikh Sadibou Dia.

Le sentiment est bien partagé par son collaborateur, le directeur de la Règlementation du tourisme, Amdy Sène, qui pense déjà à l’utilisation du Monument de la renaissance comme instrument de repositionnement de la Destination- Sénégal, du fait que Dakar occupe déjà une position centrale en Afrique. «En moyenne, nous avons un flux de touristes que nous attendons au Sénégal et qu’il nous faut une offre à proposer à ceux-là qui viendront pour visiter, donc pour nous, le Monument de la renaissance est un instrument qui doit intégrer parfaitement notre dispositif de promotion touristique pour renforcer l’attractivité de la Destination-Sénégal », soutien M. Sène, qui est aussi d’avis que sur le plan de l’approche du développement touristique, chaque pays doit avoir quelque chose d’unique à proposer. Et, poursuit-il : « quand on a un Monument de la renaissance, on peut être sûr que nous avons quelque chose d’unique à proposer aux consommateurs qui voyagent à travers le monde ».

Le monument et toutes les autres infrastructures qui l’accompagnent, notamment le Village artisanal, les salles d’exposition peuvent faire vivre plusieurs activités comme l’hébergement, le transport touristique, l’artisanat, etc.

« Sur le plan purement touristique, le monument vient à son heure et moi je pense que cela va permettre de donner un nouvel élan à la promotion de la Destination-Sénégal et c’est cela aussi la vision du ministre du Tourisme », indique Amadou Tidiane Fassa, conseiller technique au ministère du Tourisme.

Pour lui, particulièrement au moment où le Sénégal s’apprête à organiser la première édition du Salon international du tourisme au mois de mai, c’est-à-dire juste après l’inauguration du monument, il doit être perçu comme une belle opportunité pour le secteur touristique