Blaise Diagne,

né le 13 octobre 1872 à Gorée, mort le 11 mai 1934 à Cambo-les-Bains,

 

est le premier député africain élu à la Chambre des députés française. Il est également le premier noir sous-secrétaire d'État aux Colonies.
Né d'un père lébou, cuisinier et marin Niokhor Diagne, et d'une mère manjaque originaire de Guinée-Bissau Gnagna Anthony Preira, Galaye MBaye Diagne est très tôt adopté par la famille Crespin [1] une famille metisse de notables de Gorée et de Saint-Louis qui lui donne le prénom de Blaise.
Formation
Il apprend très tôt à lire, à écrire et bénéficie d’une éducation solide qui s'appuie sur d'incontestables qualités intellectuelles. Il figure ainsi au palmarès de la distribution des prix de l'école laïque de Saint-Louis en août 1884.
Boursier du gouvernement, le jeune Diagne va poursuivre ses études en France à Aix-en-Provence. Malade, il revient à Saint‑Louis pour suivre les cours de l'école secondaire Duval où il sera major de sa promotion en 1890.
Il entreprend avec succès le concours de fonctionnaire des douanes en 1891.
Franc-maçonnerie
En septembre 1899, à Saint-Denis, Diagne est devenu franc-maçon.
Il est le premier Africain à siéger, dès 1922, au Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France.
Il bénéficie de ce parrainage jusqu'à sa mort en 1934, tout en étant largement soutenu par les milieux parlementaires auxquels il renvoie, par effet de miroir, l'image du parfait assimilé. En revanche, les nationalistes sénégalais (surtout les communistes de l'UIC comme Lamine Senghor) le prennent pour cible.
L'appartenance de Diagne à la franc-maçonnerie explique sans doute qu'il ait été enterré avant l'entrée du cimetière musulman de Soumbédioune à Dakar, les musulmans ayant refusé qu'un franc-maçon puisse reposer à l'intérieur du cimetière.
Carrière
Blaise Diagne
 

Blaise Diagne, député du Sénégal (1933)
 

Dans l'administration coloniale
Entré dans cette administration[4] en 1892, il est d'abord nommé en :
1892 au Dahomey (actuel Bénin),
1897 au Congo français,
1898 à la Réunion,
1902 à Madagascar, dernier poste où ses opinions avancées déplaisent à Gallieni,
1910, Blaise Diagne est envoyé en Guyane où ses liens avec le gouverneur sont facilités par son appartenance au Grand Orient de France.
Au Parlement
 

Blaise Diagne est élu en 1914 député du Sénégal,

 

bénéficiant du statut des « quatre vieilles » communes (Rufisque, Gorée, Saint-Louis et Dakar). Il est le premier Africain de l'empire colonial français à siéger au Palais-Bourbon[5], il y est surnommé "la Voix de l'Afrique"[6]. Il obtient pour les habitants des quatre communes la citoyenneté en échange de leur conscription en 1916. Membre du groupe Union républicaine-socialiste animé par Maurice Viollette, franc-maçon lui aussi, il est réélu sans interruption jusqu'à sa mort, malgré des campagnes systématiquement hostiles de ses adversaires colonialistes, qui n'aiment pas voir un Africain à l'Assemblée, d'autant que celui-ci est aussi le maire de Dakar. En 1917, lors d'un débat en comité secret, après l'échec de l'offensive Nivelle au Chemin des Dames (avril 1917), le député Diagne expose devant les députés comment les troupes noires furent utilisées par l'État-major français (Mangin) comme de la chair à canon[7].
Blaise Diagne adhère à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) en décembre 1917, mais il y reste moins d'une année et demi. Il est alors nommé par Clemenceau Commissaire Général chargé du recrutement indigène en Afrique, en même temps que deux autres socialistes, Compère-Morel, à l'Agriculture, et Fernand Bouisson, à la Marine marchande. Mais Blaise Diagne démissionne du parti et du groupe socialiste début mai 1919, refusant de quitter ses fonctions de commissaire du gouvernement après la répression de la manifestation du 1er mai 1919. Il reste commissaire jusqu'en octobre 1921 (gouvernements Clemenceau, Millerand, Leygues et Briand).
Il revient ensuite au Parti républicain-socialiste, puis passe chez les indépendants de Georges Mandel. Il devient officiellement le premier ministre africain de la République française comme sous-secrétaire d'État aux Colonies de janvier 1931 à février 1932, dans les trois premiers gouvernements de Pierre Laval.
Haut Commissaire du gouvernement pour le recrutement des troupes noires
« M. Diagne, député du Sénégal, haut commissaire du gouvernement pour le recrutement des troupes noires, vient d'arriver à Dakar où la population indigène lui a fait un accueil enthousiaste. » (mars 1918)
Blaise Diagne devient en janvier 1918 commissaire général chargé du recrutement indigène, qui, sans le titre, lui donne des responsabilités de nature gouvernementale. Il mène avec succès des missions en Afrique occidentale française pour organiser le recrutement militaire en cette période de guerre. De février à août 1918 et de Dakar à Bamako, il essaye de convaincre ses compatriotes de venir se battre en France tout en leur promettant des médailles militaires, un certificat de bien manger, un habillement neuf et surtout la citoyenneté française aux combattants après la guerre. Les primes aux recruteurs sont aussi fortement augmentées. Il réussit à mobiliser 63 000 soldats en Afrique occidentale française, AOF, et 14 000 en Afrique Equatoriale Française, AEF[6],.
Diagne profita des conditions spéciales du conflit pour arracher au Parlement la loi du 29 septembre 1916 qui reconnaissait définitivement la citoyenneté française aux originaires des « quatre communes », sans les soumettre au Code Civil ni leur faire perdre leur statut personnel.
Le souvenir du premier Africain ministre de la République française reste vivant au Sénégal. Plusieurs lieux publics portent son nom : l'avenue Blaise Diagne, une des plus grandes de Dakar, le lycée Blaise Diagne de Dakar et, sous la Présidence de Abdoulaye Wade, l'aéroport international du Sénégal, à une quarantaine de kilomètres de Dakar, a été nommé Aéroport international Blaise Diagne.
Un buste honore sa mémoire sur l'île de Gorée.
·                               
Buste de Blaise Diagne à Gorée
·                               
Alors que l'Afrique était encore majoritairement colonisée, Blaise Diagne défendait la participation des Africains à la politique du pays colonisateur [8].
Il demandait aussi un traitement équitable des minorités ethniques au sein de l'armée française.
Il a mené pendant toute sa carrière une action en faveur des colonisés d'Afrique et des Antilles pour les aider à s'insérer dans la société française.
À la Chambre, Blaise Diagne, proteste contre le « massacre » de ses compatriotes lors de la première guerre mondiale, accréditant l'idée de troupes utilisées comme chair à canon.
Vie personnelle
Marié en 1909 avec Marie Odette Villain, rencontrée à Madagascar, il a eu quatre enfants dont
Adolphe, médecin militaire (1910-1985)[9],
Rolland, agent dans les chemins de fer
Raoul (1910-2002), footballeur professionnel, premier footballeur africain à être sélectionné en équipe de France (de 1931 à 1940), ensuite entraineur de l'équipe nationale du Sénégal en 1963.
↑ Famille métisse de notables de Gorée et de Saint-Louis
 

↑ Blaise Diagne décède le 11 mai 1934
 
 
 
 
    
Galandou Diouf
 
 

Galandou Diouf
 

Parlementaire français Date de naissance 14 septembre 1875

Date de décès 6 août 1941

 

Mandat Député 1934-1940 Début du mandat 1934 Circonscription Sénégal Groupe parlementaire GITroisième République Galandou Diouf, né le 14 septembre 1875, à Saint-Louis (Sénégal) et mort le 6 août 1941, était un homme politique sénégalais, parlementaire à la Chambre des députés française.
Biographie
Né en 1875 à Saint-Louis (Ndar) dans une famille musulmane (d'un père de l'ethnie des sérères et d'une mère Wolof), Galandou Diouf suit une scolarité dans une structure catholique et entreprend une carrière d'enseignant puis d'employé.
En 1909, il est le premier élu africain depuis le début de la colonisation, il représente la commune de Rufisque (Teunggèdj) au Conseil général de Ndar, alors capitale de l'Afrique francophone. Il est élu député du Sénégal en 1934 (fin en 1941). Il est alors soutenu par une coalition comprenant les Mourides, les cultivateurs et les anciens combattants.
Défenseur de l'égalité africaine et opposant à la discrimination, il collabora avec le journal La Démocratie.
Fondateur du journal Le Sénégal et parrain de Blaise Diagne, il fut vite supplanté par celui-ci. Il continua néanmoins à collaborer avec lui et à le soutenir jusqu'en 1928, lorsque Blaise prit cette voie médiane imprévue de la collaboration avec ceux qu'ils combattaient tous : les néo-négriers nantais et bordelais et leurs métis sénégalais qui tenaient la dragée haute aux Noirs.
À la mort de Blaise Diagne en 1934, Ngalandou Diouf est élu au Palais-Bourbon.
En 1940, il ne put voter contre les pleins pouvois dévolus au Maréchal Pétain. En accord avec le président Lebrun, il était à bord du Massilia, ce bateau qui devait transporter les parlementaires en vue de constituer un gouvernement de résistance à Casablanca. Lorsqu'à Port-Vendres, qui ne devait être qu'une escale, ils furent mis au courant et décidèrent de rester sur le territoire français métropolitain, il leur fut opposé de multiples vicissitudes, souvent aboutissant à la mort, par la police vichyiste, désormais alliée à l'occupant allemand. À bord du Massilia se trouvaient des dizaines et des dizaines d'autres parlementaires, dont Georges Mandel, Jean Zay, Pierre Mendès France et autres que l'Histoire illustrera.
 

Galandou Diouf décède en 1941 à Cannes .
 

                                                      

LAMINE GUEYE

 

(1891 - 1968)Né au Soudan Français (actuel Mali) d'une famille sénégalaise originaire de Saint-Louis, Lamine Gueye étudia le droit en France durant la première guerre mondiale, devenant le premier juriste noir de l'Afrique française.
De retour au Sénégal en 1922, il milita alors en faveur de Blaise Diagne et fut maire de Dakar en 1925 et 1926.Candidat aux élections législatives de 1928, il fut battu par Blaise Diagne puis quitta le Sénégal pour occuper des fonctions de magistrat à l'île de la Réunion en 1931.
A la mort de Blaise Diagne en 1934, Lamine Gueye se présenta aux élections législatives mais fut battu par Galandou Diouf.En 1935, il réorganisa le Parti Socialiste Sénégalais afin d'y attirer la jeune élite sénégalaise (le PSS fut le premier parti politique moderne de l'Afrique francophone).
La défaite française en 1940 mit momentanément un terme à la vie politique au Sénégal.
En 1946, soutenu par la SFIO, Lamine Gueye et son protégé, Léopold Sédar Senghor, remportèrent facilement la représentation des communes urbaines.
Lamine Gueye fut élu maire de Dakar la même année.
 
1948 fut l'année de la rupture entre Lamine Gueye et Léopold Sédar Senghor. 1958 vit la fusion du PSS avec 1e BPS (Bloc Populaire Sénégalais) de Léopold Sédar Senghor pour former l'UPS (union Progressiste Sénégalaise).
Les deux hommes s'unirent alors dans leur opposition aux autres leaders africains qui favorisaient l'autonomie pour chaque territoire de l'Afrique française plutôt qu'une structure fédérative.
Lamine Gueye maintint une intense activité politique au sein du parti au pouvoir et devint président de l'Assemblée Nationale, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort en 1968.


 
 valdiodio
Valdiodio N'diaye
 
 Nationalité Sénégal Naissance 7 avril 1923
 Kaolack

Décès 5 mai 1984

 

Profession Avocat Carrière Plus haut poste (Sénégal)Ministre de l'Intérieur
18 mai 1957 Prédécesseur Successeur Mamadou Dia Second plus haut poste (Sénégal)Ministre des Finances
novembre 1962-décembre 1963 PrédécesseurAndré PeytavinSuccesseur Daniel Cabou Maître Valdiodio N'diaye ou (Waldiodio Ndiaye) (1923-1984) est un homme politique sénégalais, plusieurs fois ministre, également maire de Kaolack, sa ville natale. Il se distingue aux yeux des Africains en affrontant le général de Gaulle en 1958. Puis son destin bascule en 1962 lorsque, sous la présidence de Léopold Sédar Senghor, il est accusé de complot contre l'État, aux côtés de Mamadou Dia. Il passe alors douze années en prison, coupé de sa famille. Aujourd'hui encore cet épisode dramatique de l'histoire du Sénégal reste un sujet sensible et certains continuent de s'interroger sur le sens de cette élimination dans un pays naissant qui passait alors pour un modèle de démocratie.
 
Biographie
Prince héritier du royaume des Sérères Guelwar, Valdiodio Ndiaye est né le 7 avril 1923 à Kaolack. Il effectue d'abord sa scolarité au lycée Faidherbe de Saint-Louis, puis poursuit de brillantes études juridiques à la Faculté de droit de l'Université de Montpellier où, avec une thèse intitulée La notion de citoyenneté dans l'Union française, il décroche un doctorat en 1951.
Sur le plan politique, il occupe d'importantes fonctions au Bloc démocratique sénégalais (BDS) et à l'Union progressiste sénégalaise (UPS).
Nommé ministre de l'Intérieur du Sénégal le 18 mai 1957 et de la Fédération du Mali, il prononce un discours mémorable adressé au général de Gaulle le 26 août 1958, à la veille du référendum du 28 septembre 1958. Il prononce notamment cette phrase, promue au rang de slogan : « Nous disons indépendance, unité africaine et confédération ».
Devenu maire de Kaolack en 1960, il est nommé ministre des Finances en novembre 1962.
Avec le président du Conseil, Mamadou Dia, et trois autres de leurs compagnons, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Alioune Tall, il est accusé de « tentative de coup d'État » en décembre 1962. Condamné à 20 ans de prison en mars 1963, il est finalement libéré au bout de 12 ans, le 27 mars 1974, et reprend alors sa carrière d'avocat.
En 1981 il participe à la fondation du Mouvement démocratique populaire (MDP) avec Mamadou Dia, mais s'éloigne de celui-ci en 1983 et rejoint le Parti socialiste (PS). Lors de l'élection présidentielle sénégalaise de 1983, il apporte son soutien au président sortant Abdou Diouf.
 

Valdiodio Ndiaye meurt l'année suivante, le 5 mai 1984.

w510

Mamadou Dia

 

Né le 18 juillet 1911 à Khombole (dans le cercle de Thiès)

 

Mamadou Dia aurait eu 100 ans ce 18 juillet 2011. Membre fondateur du Bloc démocratique sénégalais (BDS) devenu Union progressiste sénégalaise (UPS), puis Parti socialiste (PS), Mamadou Dia est décédé le 25 janvier 2009. Elu au Grand conseil de l'AOF en 1947, secrétaire général BDS en 1948, Mamadou Dia entre au Conseil de la République, le 14 novembre 1948, par 18 voix sur 48.

En décembre 1962, de profondes divergences l'opposent au président Senghor qui, l'accusant de fomenter un coup d'Etat, l'arrête et l'emprisonne à Kédougou, ville du sud-est du Sénégal située à 702 km de Dakar, la capitale. Gracié en mars 1974, puis libéré, Mamadou Dia bénéficie d'une amnistie en avril 1976, un mois avant le rétablissement du multipartisme au Sénégal.

Notons qu'en prélude au lancement des activités du Centenaire ; le Mouvement des élèves et étudiants « diaistes » a été porté sur les fonts baptismaux. Ce mouvement se fixe pour objectif de "défendre l'oeuvre et les idées de Mamadou Dia" dans un contexte où la "jeunesse vit une soif idéologico-culturelle", selon le président du mouvement des élèves et étudiants « diaistes »


 senghor

Léopold Sédar Senghor

est un poète, écrivain et homme politique sénégalais,

né le 9 octobre 1906 à Joal, au Sénégal,

et mort le 20 décembre 2001 à Verson, en France.

Il a été le premier président du Sénégal (1960-1980)

 

et il fut aussi le premier Africain à siéger à l'Académie française. Il a également été ministre en France avant l'indépendance de son pays.

Il est le symbole de la coopération entre la France et ses anciennes colonies pour ses partisans ou du néo-colonialisme français en Afrique pour ses détracteurs.

Sa poésie essentiellement symboliste, fondée sur le chant de la parole incantatoire, est construite sur l'espoir de créer une Civilisation de l'Universel, fédérant les traditions par-delà leurs différences. Par ailleurs, il approfondit le concept de négritude, notion introduite par Aimé Césaire, en la définissant ainsi : « La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture ».Léopold Sédar Senghor naît le 9 octobre 1906[1] à Joal, petite ville côtière située au sud de Dakar, Sénégal. Son père, Basile Diogoye Senghor, est un commerçant catholique aisé appartenant à l'aristocratie sérère du Sénégal. Originaire de Djilor, sa mère, Gnilane Ndiémé Bakhoum (?-1948), que Senghor appelle dans Élégies « Nyilane la douce », appartient à l'ethnie sérére et à la lignée Tabor mais a des origines Peules. C'est la troisième épouse de Basile Diogoye Senghor, dont elle aura six enfants dont deux garçons. Les deux branches de sa famille appartiennent à la noblesse Sérère, les Guelwar. Le prénom sérère Sédar signifie « qu’on ne peut humilier ». Son prénom catholique « Léopold » lui fut donné par son père en souvenir de Léopold Angrand, riche commerçant mulâtre ami et employeur ponctuel de son père. Avant son baptême Sédar Gnilane (il était alors d'usage que le prénom du fils fût accompagné de celui de sa mère) futur Léopold passe les premières années de sa vie chez sa famille maternelle, les Bakhoum. Puis de retour chez son père il fréquente plus tard la mission catholique de Djilor auprès du Père Dubois. C'est à la mission catholique de Djilor que le jeune Léopold apprend le catéchisme et les premiers rudiments de la langue française. Senghor commence ses études au Sénégal, d'abord chez les Pères Spiritains à Ngazobil pendant six ans, puis à Dakar au collège-séminaire François Libermann et au cours secondaire de la rue Vincens, qui s'appellera plus tard le lycée Van-Vollenhoven et aujourd'hui lycée Lamine Guèye. Il est déjà passionné de littérature française. Bon élève, il réussit le baccalauréat, notamment grâce au français et au latin. Le directeur du lycée et ses professeurs recommandent d'envoyer Senghor poursuivre ses études en France. Il obtient une demi-bourse de l'administration coloniale et quitte pour la première fois le Sénégal à l'âge de 22ans.

Senghor est un fervent défenseur du fédéralisme pour les États africains nouvellement indépendant, une sorte de « Commonwealth à la française ». Le 13 janvier 1957, une « convention africaine » est créée. La convention réclame la création de deux fédérations en Afrique française. Senghor se méfie de la balkanisation de l'AOF en huit petits états[6]. Le fédéralisme n'obtenant pas la faveur des pays africains, il décide de former, avec Modibo Keïta, l'éphémère fédération du Mali avec l'ancien Soudan français (l'actuel Mali). La fédération du Mali est constituée en janvier 1959 et regroupe le Sénégal, le Soudan français, le Dahomey (l'actuel Bénin) et la Haute-Volta (l'actuel Burkina Faso). Un mois après, le Dahomey et la Haute-Volta quittent la fédération refusant sa ratification. Les deux fédéralistes se partagent les responsabilités. Senghor assure la présidence de l'assemblée fédérale. Modibo Keïta prend la présidence du gouvernement. Les dissensions internes provoquent l'éclatement de la fédération du Mali. Le 20 août 1960, le Sénégal proclame son indépendance et le 22 septembre, Modibo Keïta proclame l’indépendance du Soudan français qui devient la République du Mali.

Élu le 5 septembre 1960, Senghor préside la toute nouvelle République du Sénégal. Il est l'auteur de l'hymne national sénégalais, le Lion rouge. Le Président du Conseil de Gouvernement, Mamadou Dia, est chargé de la mise en place du plan de développement à long terme du Sénégal tandis que Senghor est en charge des relations internationales. Les deux hommes entrent rapidement en conflit. En décembre 1962, Mamadou Dia est arrêté et accusé d'avoir tenté un coup d’État. Il resta douze ans en prison (à Kedougou, Sénégal oriental). À la suite de cet événement, Senghor instaure un régime présidentiel. Le 22 mars 1967 Senghor échappe à un attentat. Le coupable sera condamné à mort.

Il démissionne de la présidence, avant le terme de son cinquième mandat, en décembre 1980. Abdou Diouf, Premier ministre, le remplace à la tête du pouvoir, en vertu de l'article 35 de la Constitution. Sous la présidence de Senghor, le Sénégal a instauré le multipartisme (limité à trois courants : socialiste, communiste et libéral, puis quatre, les trois précédents étant rejoints par le courant conservateur), ainsi qu'un système éducatif performant. Senghor est souvent reconnu pour être un démocrate. Néanmoins, il réprima violemment Mamadou Dia, Valdiodio Ndiaye, et plusieurs mouvements estudiantins.


 
ABDOU_DIOUF_SENEGAL

Abdou Diouf, président du Sénégal de 1981 à 2000
 

Abdou Diouf est né le 7 septembre 1935 à Louga,

d’une mère Toucouleur et d’un père Sérère.

 

Il fait ses études primaires et secondaires à Saint Louis. Il débute des études de droit à Dakar pour les poursuivre à Paris et devient breveté de l’Ecole nationale de la France d’Outre-Mer (ENFOM) en 1960.
 
Février 1970, Abdou Diouf devient Premier ministre
 

Il occupe aussitôt de hautes fonctions administratives pour devenir directeur de Cabinet du Président Senghor en 1963 puis secrétaire général de la Présidence de la République en 1964. Il devint ensuite ministre du Plan et de l’Industrie de 1968 à 1970, puis fut nommé Premier ministre en février 1970.
Il devint président de la République du Sénégal le 1er janvier 1981, à la suite de la démission du Président Senghor, et fut reconduit dans ses fonctions lors des élections de 1983, 1988 et 1993.
Ses différents mandats furent placés sous le signe de l’approfondissement de la démocratie, initiée par son prédécesseur, sur la libéralisation progressive de l’économie et sur la décentralisation.
Il a également contribué à faire entendre la voix du Sénégal dans le monde, à travers la participation à de très nombreux sommets internationaux, et a lutté pour une plus grande unité africaine.
Au niveau intérieur, il dut faire face aux revendications du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), qui aboutirent à un conflit qui n’est pas encore résolu aujourd’hui. La crise économique des années 80 engendre de nombreuses frustrations et sa réélection de 1988 est mouvementée.
Abdou Diouf fut battu au deuxième tour de l’élection présidentielle du 17 mars 2000, laissant sa place à Abdoulaye Wade. Il réside depuis lors en France avec sa femme Elisabeth.
Le 20 octobre 2002, il est élu secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, succédant à l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali.
> Abdou Diouf reconduit au poste de Secrétaire général de la Francophonie
Mis à jour le 24 octobre 2010
 
 
 
 
 
 
 
                                                             
sen_Abdoulaye_Wade_gouvfr2

ABDOULAYE WADE

Né le 29 mai 1926 à Kébémer,

marié à une Française, Viviane Vert,

Abdoulaye Wade est père de deux enfants, Karim et Sindiély.
 

Sa fille Sindiély, assistante spéciale du Chef de l'État, a participé au rallye Paris-Dakar en 2005 en tant que pilote automobile. Son fils Karim est président de l'Agence nationale pour l'Organisation de la Conférence islamique.Abdoulaye Wade a commencé ses études primaires à Kébémer et Saint-Louis. Il a suivi les cours de l'école fédérale William Ponty de Sébikotane, puis du lycée Van Vollenhoven de Dakar.
Après obtention d'une bourse d'études, il entre au lycée Condorcet de Paris et suit les cours de maths élémentaires et de maths supérieures. Poursuit des études supérieures dans les universités de Besançon, de Dijon puis de Grenoble, où il obtient son doctorat en droit et en sciences économiques.
Il plaide quelques années au barreau de Besançon, avant de revenir au Sénégal pour ouvrir son cabinet d'avocat et s'inscrire à l'université de Dakar comme chargé de cours.
Il devient professeur agrégé des facultés de droit et de sciences économiques. Il fut en même un temps le doyen de la faculté de Droit de Dakar.
En tant qu'expert et consultant, il apportera sa contribution pour le compte de l'O.U.A. (Organisation de l'Unité Africaine), ainsi que de la B.A.D. (Banque Africaine de Développement). Il est membre de l'Académie internationale de droit comparé.
Il crée le P.D.S (Parti Démocratique Sénégalais) en 1974 dont il est le secrétaire général et devient député en 1978, réélu en 1983. Candidat malheureux à quatre reprises à l'investiture suprême (1978-1983-1988-1993), il fut cependant un acteur de la République par deux fois en tant que Ministre d'Etat (avril 1991-octobre 1992 puis mars 1994-1998). Sa cinquième candidature à l'élection présidentielle de mars 2000 sera couronnée de succès avec 58 % des voix au second tour face au Président sortant Abdou Diouf, grâce notamment au soutien de Moustapha Niasse, qui deviendra son Premier Ministre quelques jours plus tard.Surnommé le pape du "SOPI" (changement en wolof) lors de la campagne électorale, il prête serment le samedi 1er avril 2000 au stade Léopold Sédar Senghor devant plus de 60 000 personnes.
Lors de l'élection présidentielle du 25 février 2007, Abdoulaye Wade est réélu, dès le premier tour, face à 14 candidats, avec 55,79% % des voix.
Abdoulaye Wade est Commandeur de l’Ordre du Mérite (Sénégal) et Grand Officier de la Légion d'honneur (France).
Il est également l'auteur de divers ouvrages et publications, dont "Un Destin pour l'Afrique", "Economie de l'Ouest Africain" ou encore "Unité et Croissance".


 
 
 
 
 
diopcheikhanta1 
 Cheikh Anta Diop

 

(né le 29 décembre 1923 à Thieytou - mort le 7 février 1986 à Dakar)

 

est un historien et anthropologue sénégalais. Il a mis l'accent sur l'apport de l'Afrique et en particulier de l'Afrique noire à la culture et à la civilisation mondiales. Ses thèses restent aujourd'hui contestées, et sont peu reprises dans la communauté scientifique[1],[2],[3]. Si une partie importante de ses arguments scientifiques sont considérés comme fallacieux, Cheikh Anta Diop a eu toutefois un rôle indéniable de visionnaire concernant la place de l'Afrique dans l'histoire. En effet, sa vision est, d'une certain façon, une anticipation des découvertes archéologiques majeures des années 2000 sur le continent africain que ce soit Kerma ou, beaucoup plus ancien, Blombos.

Cheikh Anta Diop est né le 29 décembre 1923 à Thieytou, dans la région de Diourbel (Sénégal). Sa famille est d'origine artistocratique wolof. À l'âge de 23 ans, il part pour Paris afin d'étudier la physique et la chimie mais se tourne aussi vers l'histoire et les sciences sociales. Il suit en particulier les cours de Gaston Bachelard et de Frédéric Joliot-Curie[4]. Il adopte un point de vue spécifiquement africain face à la vision de certains auteurs de l'époque selon laquelle les Africains sont des peuples sans passé.

En 1951, Diop prépare sous la direction de Marcel Griaule une thèse de doctorat à l'Université de Paris, dans laquelle il affirme que l'Égypte antique était peuplée d'Africains noirs[5], et que la langue et la culture égyptiennes se sont ensuite diffusées dans l'Afrique de l'Ouest. Il ne parvient pas dans un premier temps à réunir un jury mais, d'après Doué Gnonsoa, sa thèse rencontre un « grand écho » sous la forme d'un livre, Nations nègres et culture, publié en 1954[6]. Il obtiendra finalement son doctorat en 1960. Il poursuit dans le même temps une spécialisation en physique nucléaire au laboratoire de chimie nucléaire du Collège de France. Diop met à profit sa formation pluridisciplinaire pour combiner plusieurs méthodes d'approche.

Il s'appuie sur des citations d'auteurs anciens comme Hérodote[7] et Strabon pour illustrer sa théorie selon laquelle les Égyptiens anciens présentaient les mêmes traits physiques que les Africains noirs d'aujourd'hui (couleur de la peau, aspect des cheveux, du nez et des lèvres). Son interprétation de données d'ordre anthropologique (comme le rôle du matriarcat) et archéologique l'amène à conclure que la culture égyptienne est une culture nègre. Sur le plan linguistique, il considère en particulier que le wolof, parlé aujourd'hui en Afrique occidentale, est phonétiquement apparenté à la langue égyptienne antique.

Lorsqu'il obtient son doctorat en 1960, il revient au Sénégal enseigner comme maître de conférences à l'université de Dakar (depuis rebaptisée université Cheikh-Anta-Diop, UCAD)[8]. Il y obtiendra en 1981 le titre de professeur. Mais dès 1966, il crée au sein de cette université de Dakar le premier laboratoire africain de datation des fossiles archéologiques au radiocarbone[9], en collaboration avec celui du Commissariat français à l'énergie atomique (CEA) de Gif-sur-Yvette. Il y effectue des tests de mélanine sur des échantillons de peau de momies égyptiennes, dont l'interprétation permettrait, selon Diop, de confirmer les récits des auteurs grecs anciens sur la mélanodermie des anciens Égyptiens[10].

Dans les années 1970, Diop participe au comité scientifique qui dirige, dans le cadre de l'UNESCO, la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique. Pour la rédaction de cet ouvrage, il participe en 1974 au Colloque international du Caire où il confronte les méthodes et résultats de ses recherches avec ceux des principaux spécialistes mondiaux. À la suite de ce colloque international, il lui est confié la rédaction du chapitre consacré à l'origine des anciens Égyptiens.

Le rapport final[11] du colloque mentionne l'accord des spécialistes — à l'exception de l'un d'entre eux — sur les éléments apportés par Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga au sujet de la filiation entre la culture égyptienne ancienne et les cultures africaines. Ainsi, pour le professeur Jean Vercoutter, « l'Égypte était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser ». Le professeur Leclant a reconnu ce même caractère africain dans le tempérament et la manière de penser des Égyptiens. La communauté scientifique reste néanmoins partagée sur la nature du peuplement de l'Égypte ancienne : principalement composé de Noirs jusqu'à la perte de l'indépendance pour certains, mixte selon d'autres experts.

Par ailleurs, dès 1947, Diop s'est engagé politiquement en faveur de l'indépendance des pays africains et de la constitution d'un État fédéral en Afrique. « Jusqu'en 1960, il lutte pour l'indépendance de l'Afrique et du Sénégal et contribue à la politisation de nombreux intellectuels africains en France. Entre 1950 et 1953, il est secrétaire général des étudiants du Rassemblement démocratique africain[12] et dénonce très tôt, à travers un article paru dans La Voix de l'Afrique noire, l'Union française, qui, « quel que soit l'angle sous lequel on l'envisage, apparaît comme défavorable aux intérêts des Africains ». Poursuivant la lutte sur un plan plus culturel, il participe aux différents congrès des artistes et écrivains noirs et, en 1960, il publie ce qui va devenir sa plate-forme politique : Les fondements économiques et culturels d'un futur État fédéral en Afrique noire[13]. »

Selon Doué Gnonsoa, Diop sera l'un des principaux instigateurs de la démocratisation du débat politique au Sénégal, où il animera l'opposition institutionnelle au régime de Léopold Sédar Senghor, à travers la création de partis politiques (le FNS en 1961, le RND en 1976), d'un journal d'opposition (Siggi, renommé par la suite Taxaw) et d'un syndicat de paysans. Sa confrontation, au Sénégal, avec le chantre de la négritude serait l'un des épisodes intellectuels et politiques les plus marquants de l'histoire contemporaine de l'Afrique noire[14].

Cheikh Anta Diop meurt dans son sommeil à Dakar, le 7 février 1986. Avec Théophile Obenga et Asante Kete Molefe, il est considéré comme l'un des inspirateurs du courant épistémologique de l'afrocentricité. En 1966, lors du premier Festival mondial des Arts nègres de Dakar, Diop a été distingué comme « l'auteur africain qui a exercé le plus d'influence sur le XXe siècle[15] ».

Le 8 février 2008, le ministre de la Culture du Sénégal Mame Birame Diouf inaugure un mausolée perpétuant la mémoire du chercheur à Thieytou, son village natal où il repose[16]. Ce mausolée figure sur la liste des sites et monuments classés du Sénégal[17].