Lors  des journées nationales de concertation sur le tourisme tenues  à Dakar en Septembre 2003, il avait été proposé de renforcer le dispositif réglementaire en vigueur pour assainir le secteur  du tourisme. Il s’agissait  à juste titre :

  • de mettre à jour et, au besoin, de corriger les anciens textes organisant les secteurs du guidage et des agences de voyages,
  • d’en élaborer  de nouveaux relatifs aux établissements d’hébergement
  • et de doter le tourisme  d’institutions fortes capables de conduire les réformes et de prendre en charge son développement.

C’est ainsi que :

 La Direction de la Réglementation et du Contrôle, 

La Direction des Etudes et de la Planification,

La Direction des Ressources Humaines et de la Formation

Ont  été mises en place par décret 2004-103 du 06 février 2004 ;

L’Agence Nationale de Promotion du Tourisme par  décret  2004-1211 du 06 septembre 2004 ;

La Police touristique par arrêté interministériel 0042278 du 20 avril 2004

Ainsi que  de nouveaux textes réglementaires, qui seront ajoutés au dispositif déjà existant. Il s’agit  notamment du :

Décret 2005-144 du 02 mars 2005 portant réglementation des Agences de Voyages, de Tourisme et de Transports touristiques ; du

Décret  2005-145 du 02 mars 2005 portant réglementation des établissements d’hébergement touristique ; du

Décret 2004-1098 du 04 août 2004 portant réglementation de la profession de guide ; du

Décret 2003-636 du 18 juillet 2003 portant mise en place du Conseil  sénégalais du tourisme.

On le sait, le tourisme est  un secteur fortement  concurrentiel dans tous ses segments : hôtellerie, agences de voyages, guidage… . Il est aussi  extrêmement  conflictuel  à cause des acteurs qui y exercent : Etat, populations locales, clients et promoteurs et  des recettes qu’il génère. Il est deuxième secteur de l’économie après la pêche en termes de devises  au plan national  soit une contribution de 306 milliards de FCFA en 2006 et premier secteur d’activité de par le monde avec des recettes de 05 milliards de dollars/jour d’ici à l’horizon 2020. Il est donc important de l’organiser de manière à garantir un libre exercice de l’activité dans le cadre d’une concurrence saine et porteuse de développement et du respect des devoirs et droits de chaque acteur.

La réglementation et l’organisation du secteur s’imposent alors à tous comme gage de pérennité.

 La règle sert à diriger ; elle constitue  donc un principe, un précepte. D’où l’expression être en règle 

pour  signifier être en conformité avec le principe, le précepte, la loi. 

Partant, la réglementation serait l’obligation de soumettre   tous les actes  à la loi, au précepte, au principe.

Elle garantit l’équilibre et instaure des principes directeurs dans une communauté, un secteur,... . 

La volonté du Sénégal est  déjà  affirmée pour un tourisme « haut de gamme, sain, responsable et profitable aux sénégalais et à l’économie nationale ». Ce qui passe nécessairement  par un secteur organisé, normé et encadré ; c’est d’ailleurs la seule voie de salut pour les destinations touristiques à l’échelle mondiale, car la réglementation et la démarche qualité permettent de garantir des prestations de services de qualité et un bon rapport qualité/prix. Elle permet aussi de hisser le niveau des  services aux standards internationaux.  Comme l’a  prédit         M. Francesco Frangialli Secrétaire Général de l’Organisation Mondiale du Tourisme   les produits  « High-touch » sont appelés à prospérer. 

Or  aujourd’hui, force est de constater que le secteur du  tourisme est désarticulé :

  • des établissements et des agences de voyages  sans vocation, ni respect des procédures voient le jour de manière clandestine ;
  • des guides s’adonnent à l’activité de guidage sans carte professionnelle et se substituent  aux entreprises légalement constituées ; 
  • des restaurants  touristiques  existent et se développent en dehors de la réglementation du secteur (cf. décret 73-1107 du 11 décembre 1973 relatif au classement des restaurants de tourisme ;

 La liste est encore longue. Le corollaire en est  in fine un manque à gagner pour l’Etat avec

  • le non paiement de taxes, 
  • une anarchie du secteur (non maîtrise de l’offre touristique),
  • une perte de marchés  du fait d’une mauvaise qualité de service 

et  des  conflits entre Etat, promoteurs et populations locales (expropriation et sous emploi).  

Pour remédier à cela, l’Etat du Sénégal doit faire sienne cette déclaration de Jean Jaques Rousseau

« le plus fort n’est jamais assez fort pour rester toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir »

  • c'est-à-dire faire en sorte que les différents acteurs se référent à la tutelle  pour toutes informations concernant le  secteur, pour toutes les autorisations, pour tous les changements dans la vie des entreprises et organisations touristiques, 
  • sensibiliser les acteurs  Etat, populations locales, promoteurs, travailleurs, clients … sur les enjeux du tourisme,
  • disposer de ressources humaines performantes et suffisamment motivées (indépendance financière), capables de prendre en charge les orientations du secteur  et de garantir son organisation et son développement,
  • mettre des moyens logistiques en nombre suffisant à la disposition des contrôleurs, 
  • se doter de textes réglementaires et législatifs et  de moyens  de contrôle suffisamment contraignants  et  néanmoins assez flexibles   pour contrôler, encadrer  et permettre le développement harmonieux du  secteur.