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Source: aphore.org

Author: Admin

Le Phaéton,  Phaeton aethereus mesonauta, qui appartient à l'ordre des Pélécaniformes et à la famille des Phaéthontidées, constitue une grande curiosité. C'est un oiseau d'une beauté exceptionnelle qui mesure 90 à 105 centimètres de long pour une envergure de 99 à 106 centimètres . Il a le dessus barré et le trait oculaire noir. Il présente un plumage blanc et noir par endroits, un bec rouge et une queue faite de longues plumes qui lui confère le nom de "Paille en Queue". Il l'agite élégamment au cours de la parade nuptiale.

Le Phaéton est une espèce pélagique, c'est à dire exclusivement présente en haute mer. C'est un excellent voilier mais incapable de marcher. Les Phaétons vivent en pleine mer et ont parfois été observés à plusieurs centaines de kilomètres de toutes terres. Ils trouvent leur repos en se posant sur l'eau et sont très rarement observables à terre en dehors de leur période de reproduction. Cependant, ils ne se reproduisent que dans trois lieux au monde : les îles Asunción, du Cap Vert et nos chères îles de la Madeleine à architecture spectaculaire de par ses colonnades prismatiques.

Les îles de la Madeleine qui sont localisées à Dakar au Sénégal offrent des conditions favorables à la survie du Phaéton. En effet, il s'y trouve une grande richesse biologique : abondance de poissons très variés, de mollusques, de crustacés et de micro organismes ; par ailleurs, le parc accueille d'autres colonies nicheuses et migratrices d'oiseaux aquatiques tels que certaines sternes, le cormoran, le fou de bassan, le labbe à longue queue, le milan noir, le bécasseau minute, le balbuzard pêcheur, l'aigrette, le héron cendré, etc.
La géologie n'est pas en reste pour ces oiseaux dans la mesure où les îles présentent des côtes en falaises contenant de nombreuses cavités qui leur servent de nids. Ces falaises sont d'une beauté singulière de par leur colonnades en forme de prisme. De plus ces îles vous accueillent à l'entrée par une piscine naturelle taillée dans la roche. L'érection des îles en parc national et leur caractère sacré pour la population autochtone, les protégent ainsi des impacts anthropiques. Ceci a favorisé l'implantation des oiseaux dans les îles.

HISTORIQUE DES ÎLES DE LA MADELEINE

Les îles de la Madeleine sont constituées de deux massifs rocheux soit un gros appelé "île aux Serpents" et un petit surnommé "île Lougne". Elles sont situées à l'ouest de la presqu'île du Cap Vert au Sénégal, partie la plus occidentale de l'Afrique. A 3,8 kilomètres du point le plus proche du continent, elles font face au marché aux poissons de Soumbédioune. Elles font partie des quatre petites îles qui cernent la presqu'île du Cap Vert avec au sud l'île de Gorée et au nord les îles de Yoff et de Ngor.

Les îles de la Madeleine présentent une architecture magique. Elles sont un héritage de ce qui fut nommé le système volcanique de Dakar qui résulte d'une importante phase volcanique vieille de 5 à 7 millions d'années et qui s'étendit au sud et à l'est de la presqu'île du Cap-Vert. Trois types de roches basiques de couleur sombre découlent des coulées de lave : la basanite, la dolérite et la pregmatitoïde. En se refroidissant, elles ont formé des "colonnades de prisme", impressionnantes gerbes de roche qui donnent aux falaises un charme envoûtant.

Suite à cette période volcanique, des fissures dans les roches ont laissé s'échapper des gaz volcaniques provoquant l'intrusion de tuffs calcaires dans l'ensemble de la crique Hubert. C'est une roche blanchâtre et assez friable qui, suite à une érosion rapide, a formé la dépression de la crique.

Ce bassin naturel de 4 mètres de profondeur est le refuge d'une incroyable variété d'espèces de poisson et d'autres habitants des fonds marins. Les baignades y sont sans danger. C'est le seul endroit qui favorise l'accès à l'île aux petites embarcations.

L'île aux Serpents possède plusieurs identités. Les anciens du pays l'appelaient "Gorée gu ndjekk", c'est à dire l'ancienne Gorée dont l'origine remonterait à l'installation des premiers lébous du Cap Vert. Plusieurs appellations proviennent des navigateurs et voyageurs, mais nous en retiendrons deux : l'île aux Serpents et l'île de la Madeleine.

L'appellation "île aux Serpents", qui a longtemps fait penser qu'elle serait infestée de serpents, est récente. Elle ne figure sur aucune carte antérieure au 20 ème siècle. D'après même une légende l'expression "île aux Serpents" est une déformation de "îlot Sarpant", du nom d'un sergent rebelle de l'armée coloniale française. En guise de punition, ce soldat y avait été déporté et, par la suite, aurait demandé et obtenu l'autorisation de s'y installer définitivement. C'est de là qu'il aurait disparu.

Nous trouvons sur place les ruines de sa cabane qui est en fait la case construite par un certain Lacombe, habitant de Gorée qui a fréquenté l'île de la Madeleine d'où il prenait des blocs de basalte pour ses constructions. Il y a également pris un baobab qu'il a transplanté sur la place publique de l'île aux esclaves (île de Gorée) où l'on peut encore l'admirer.

L'appellation "île de la Madeleine" est plus ancienne. Elle provient soit du portugais Ilha de Madalena, soit du nom d'un des navires hydrographiques qui, au début du 18 ème siècle, dressèrent la carte de la côte.

C'est aussi un site archéologique avec de nombreux vestiges protohistoriques tels que poteries, outils, etc., actuellement conservés à l'Institut Fondamental de l'Afrique Noire (IFAN). La présence de l'homme sur l'île de la Madeleine remonterait à 1000-2000 ans. L'existence de celle-ci est signalée depuis bien avant la découverte de l'Amérique par Denis Diaz en 1444.

Les lébous ont dénommé les îles Lougnes îles "Lar", qui signifie "thiar", c'est à dire une ramification de quelque chose. Et dans ce contexte-ci, ces îles sont parties membre des îles de la Madeleine. Mais, c'est l'appellation îles "Lougnes", qui signifie qui affleure à la surface de l'eau, qui a été retenue.

Valentin Fernandez mentionnait "deux îlots avec beaucoup d'oiseaux, de coquillages, et d'arbres verts". D'autres explorateurs et voyageurs en parlaient dans leurs notes toujours avec cette mention de la présence des oiseaux dont les fientes donnent cette couleur blanche aux roches basaltiques qui les constituent. Ainsi les Hollandais les ont appelées les "Iles Conchiées" alors qu'au 17 ème d'Arbancourt parle d'"Isles de Merde".

En 1749, Adanson visite l'île et découvre le baobab qui portera désormais le nom scientifique d'Adansonia digitata.

En 1765, ces îles sont cédées à perpétuité à la couronne de France par le Damel du Cayor, un ancien royaume du Sénégal.

En 1770, le sieur Lacombe y construit sa case. Il tente d'y cultiver des légumes et échoue, tout comme plusieurs tentatives auparavant et par la suite.

En 1944, il y a eu un projet pour transformer l'île en un centre héliomarin de l'Afrique Occidentale Française.

Les îles de la Madeleine ont pu maintenir un équilibre naturel grâce à la limitation de toutes agressions humaines. Cette préservation est due entre autres à leur éloignement du continent, à leur exposition du côté de la houle, contrairement à Gorée, ce qui rend son mouillage difficile et parfois dangereux, mais surtout de son statut très respecté de demeure du génie protecteur des lébous de Dakar, Ndeuk Daour qui s'oppose à toutes installations humaines. Cependant avec le développement urbain de Dakar, elle n'a pas manqué de subir des actions anthropiques (croissance de l'activité de la pêche avec la création du marché aux poissons de Soumbédioune).

L'Etat décide alors de prendre des mesures appropriées pour la défense écologique du site. Les îles de la Madeleine furent érigées en réserve par arrêté en 1949, puis décrétées parc national en 1976.

LE PARC NATIONAL DES ÎLES DE LA MADELEINE

Couvrant une superficie de 50 hectares, le Parc National des Iles de la Madeleine est le plus petit parc marin au monde. Il comprend la grande île, les îles Lougnes et une partie de la mer qui s'étend sur 50 mètres à partir des îles. Il est situé au large de Dakar à environ 3,8 kilomètres.

Les îles Lougnes sont constituées de deux récifs. Ces derniers sont inaccessibles et ressemblent à des sentinelles devant une forteresse.

La grande île, pareille à un mammouth semi-immergé, possède deux criques : la crique Hubert qui la rend accessible en pirogue et la crique Nord.

Le parc est une île volcanique en milieu marin, limité par des falaises abruptes. Ces falaises protègent l'île des vagues. C'est une île rocheuse à couverture steppique. Les falaises abruptes, rochers en forme de pics, n'arrivent pas à retenir le sable dans l'île, d'où sa rareté dans ce sanctuaire. Les formes des roches, leur inclinaison, leur cassure témoignent d'un mouvement tectonique très important.

Le parc permet la sauvegarde d'une faune ichtyologique particulièrement abondante des fonds marins rocheux peu profonds. La pêche y est interdite. La plongée sous-marine offre pleine de curiosités (grande diversité de faune et de flore).

L'île aux Serpents, de par son caractère insulaire et sa composition essentiellement faite de basanites, présente un couvert végétal particulier, très spécifique. Quelques baobabs de forme naine et des buissons ne dépassant pas 5 mètres résument succinctement quelques aspects typiques de la végétation de l'île adaptée à l'insularité du milieu, au sol volcanique et au vent du large. Des espèces de plante, très prisées par les botanistes, sont répertoriées sur le parc.

Les îles accueillent de grands cormorans (Phalacrocorax carbo). On y observe également les balbuzards pêcheurs (Pandion haliaetus) et les fous de Bassan (Sula bassana) pendant leur migration. Mais elles hébergent surtout un oiseau magnifique, le principal habitant qui y réside en permanence : le Phaéton, l'emblème du parc. Il fait toute toute sa fierté

LE JOYAUX DU PARC : LE PHAETON

Le Phaéton, Phaeton aethereus mesonauta, qui appartient à l'ordre des Pélécaniformes et à la famille des Phaéthontidées, constitue une grande curiosité. C'est un oiseau rare d'une beauté exceptionnelle qui ne niche que dans trois sites au monde : les îles de la Madeleine au Sénégal, les îles Asunción et les îles du Cap Vert.

Sa caractéristique principale lui confère le nom de "Phaéton à bec rouge". Cet oiseau est une espèce pélagique, ce qui signifie qu'elle est exclusivement présente en haute mer. En effet, les phaétons vivent en pleine mer et ont parfois été observés à plusieurs centaines de kilomètres de toutes terres. Ils trouvent leur repos en se posant sur l'eau et sont très rarement observables à terre en dehors de leur période de reproduction dans les îles citées ci-dessus.

Le comportement en mer de cette espèce pélagique est mal connu car les populations sont faibles et les individus restent isolés ou en couple. Ce que nous savons, c'est qu'elle se nourrit de poissons tels que les poissons-volants et les sardinelles ainsi que de calamars qu'elle capture en plongeant à la verticale à la façon d'une Sterne.

Le Phaéton peut se voir confondre avec une Sterne, mais s'en distingue par la présence de palmes entre les quatre orteils. Il mesure 90 à 105 centimètres de long pour une envergure de 99 à 106 centimètres et a le dessus barré et le trait oculaire noir. C'est un excellent voilier mais incapable de marcher. Il présente un plumage blanc et noir par endroit, un bec rouge et une queue faite de longues plumes qui lui confère le nom de "Paille en Queue". Il l'agite élégamment au cours de la parade nuptiale.

Il n'existe pas de signes distinctifs entre le mâle et la femelle. La grande saison nuptiale débute au mois de décembre. Il niche dans les crevasses des rochers. Sa survie est toujours critique puisque qu'il ne pond qu'un oeuf que le couple couve deux mois en permanence. L'oiseau n'a que deux périodes de ponte dans l'année, c'est à dire une fois tous les six mois.

Quarante jours après l'éclosion, le petit commence à voler. Le juvénile se différencie de l'adulte par son bec de couleur jaune orangé et l'absence de rectrices centrales.

Le Phaéton vit régulièrement dans l'île de la Madeleine. Il ne change pas de nid et si les petits grandissent, c'est alors aux parents de trouver un nouveau nid ailleurs.

Le Phaéton ou "paille en queue" n'a pas peur de l'homme. Il se laisse approcher et peut venir à la rencontre de son observateur, un moment inouï. Il en existe un millier dans l'île pour cinq cents nids, d'où le grand intérêt de protéger ce milieu.

L'île de la Madeleine , qui abrite un oiseau rare et exceptionnel, contribue à la restauration de la biodiversité de l'île de Yoff, Teunguène, en fournissant des espèces végétales indigènes. En effet, cette île, étape pour les oiseaux migrateurs, est le refuge d'une diversité végétale et marine de plus en plus menacée par l'homme.

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