Source: aphore.org
Author: Admin
Le lac rose était autrefois rattaché à l’océan atlantique. Avec le temps, l’installation de la sécheresse a favorisé sa séparation puis son éloignement de cet océan par une accumulation de dunes de sable. Ces dernières sont depuis colonisées par des palmiers et des filaos.
A 45 kilomètres de Dakar, vers le Nord, une des merveilles du Sénégal : un lac à la couleur bien particulière, un produit de la "pêche" tout aussi original et de superbes oiseaux.
Le Lac Rose appelé aussi Lac Retba a été rendu célèbre dans le monde entier par le rallye Paris-Dakar dont il constitue l'ultime étape.
Ce lac a des caractéristiques particulières : par un phénomène inexpliqué il est devenu, il y a maintenant 40 ans, rose. Et oui ! Selon les heures sa couleur vire du rose au mauve exactement comme sur les cartes postales. Or cette couleur n'est pas seulement un effet d'optique : en prenant l'eau dans votre main, l'eau est toujours rose.
Alors pourquoi ? Cette couleur est en faîte due à la présence au fond du lac d'une algue microscopique qui oxyde le fer de l'eau salée. La couleur est plus impressionnante quand le soleil est au zénith et pendant la saison sèche. Un beau spectacle à ne pas manquer ! La "Mer morte" du Sénégal.
Deuxième particularité du lac : l'eau est hyper salée à raison de 380 grammes par litres (comme la Mer morte) soit 10 fois plus que l'océan. Aussi, sur la rive sud du lac, le produit de la "pêche" n'est pas le poisson mais le sel. Des ouvriers, le corps enduit de beurre de karité, s'enfoncent dans les eaux du lac pour percer la croûte du fond du lac et en extraire le sel. Celui-ci est alors transporté sur les rives à bord de barques à fond plat que les femmes déchargeront pour déposer le sel en tas. Chacun amasse son propre tas qu'il marque de ses initiales ou d'un signe distinctif. Le sel est d'excellente qualité et le sac de 25 kilogrammes est vendu pour 22 Euros à des intermédiaires de Dakar.
Le moment idéal pour visiter le Lac Rose : quand le soleil est au zénith et pendant la saison sèche.
Le Lac Retba plus connu sous le nom de Lac Rose fait partie de l'échantillon de lacs côtiers qui s'alignent le long de la Côte Nord du Sénégal également appelée Grande Côte ou Zone des Niayes, du Gandiolais à la Presqu'île du Cap-Vert, sur une extension linéaire d'environ 253 km. Limité au nord par l'Océan Atlantique, au sud par une ligne passant par Kounoun, Ndiékhirate et Diacksaw, à l'ouest par une ligne Niaga, Médina Thioub, Ngalap et à l'est par Kaniak, Gorom 1 et Mbeute, le bassin versant du Lac Rose s'étend sur une superficie d'environ 155 km2. Les contours ainsi définis recoupent approximativement ceux du découpage administratif circonscrit à la Communauté Rurale de Sangalcam, dans le département de Rufisque ; la communauté rurale regroupant 28 villages avec un effectif d'un peu moins de 50000 habitants.
Dans le système côtier de la Grande Côte, le Lac Rose se distingue des autres formations lacustres (Mbaouane, Tanma, Mékhé, Etc) par certaines particularités tant naturelles que socio-économiques, marquées par une coloration rose de ses eaux, de fortes activités d'extraction et de commercialisation du sel, une imposante couverture arboriculturale ainsi que des problèmes liés à l'intensification de l'élevage (adaptation du cheptel local). Comme on peut s'en apercevoir, le Lac Rose et son bassin versant concentrent de nombreuses ressources et opportunités mais restent aussi particulièrement exposés aux nuisances et dégradations résultant de l'activité humaine (forte pression sur les ressources, implantation anarchique et incontrôlée, démantèlement des terrasses et amas coquilliers, défrichements, etc.) et dont les effets sont d'autant plus préjudiciables que le potentiel et le poids économiques de la Communauté Rurale de Sangalcam sont grands. A cet égard, la densification des usages des ressources, de l'espace lacustre et des terroirs villageois a engendré beaucoup d'interactions, d'externalités et de conflits dont la gestion doit s'appuyer sur un ensemble d'outils informatifs et conceptuels, utiles à une politique de développement durable des activités et sur l'application de bases réglementaires adaptées à la régulation des problèmes locaux et globaux posés par le développement intégré de la communauté rurale.
L'actuel Lac Rose correspond à une lagune fermée transformée en bassin évaporatoire sur-salé. Si on se réfère aux formations anciennes, l'environnement physique du lac s'intègre dans le bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien d'âge méso-cénozoïque. Parmi ces formations, celles du Paléogène -en particulier l'Eocène inférieur argileux et marneux, substrat imperméable du bassin versant- nous intéressent.
Les conditions de mise en place des formations affleurantes du lac et de son bassin versant relèvent de la sédimentation quaternaire à actuelle. Ces formations ont fait l'objet de nombreux travaux parmi lesquels ceux de L. Hébrard (1973), P. Elouard et al. (1975), P. Michel (1969), P. Elouard et al. (1977), J.M. Garnier (1978), P. Carbonel et J. Pinson (1979), M.M. Sall (1982), A.T. Diaw (1997).
A cet égard, le Lac Rose s'allonge entre les dunes vives littorales - objet d'un reboisement renforcé depuis 1988 - et les dunes intérieures émoussées de l'Ogolien, mises en place lors d'un épisode régressif -100 à -120 m sous le niveau actuel, avec l'installation d'un climat aride et une intensification des alizés. Cet épisode aride de bas niveau marin correspond à un maximum de la glaciation du Würm, vers 20000 ans BP. Ces cordons ogoliens ainsi établis ont subi au cours du Tchadien une évolution pédologique conduisant à une rubéfaction par ferruginisation et une stabilisation du matériau sédimentaire par une végétation suffisamment couvrante.
En effet, la phase du Tchadien (11000-6800 ans BP) est marquée par un climat humide -avec une petite phase sèche autour de 7000ans BP à la base du remaniement de dunes ogoliennes comme l'erg de Sangalcam- et une remontée de la mer mais avec un niveau encore bas de -10 à -50 m. Au cours de cette période, les rivières descendant du plateau imperméable de Bargny forment d'abord, selon L. Hébrard (1973), des lacs de barrages dunaires et finissent par atteindre la mer. Cette dernière, en remontant, envahit les vallées et les inter-dunes ; l'embouchure de la rivière de Sangalcam est remblayée et forme un delta.
Par ailleurs, c'est au cours du Tchadien que s' installent les niayes faites d'une flore et d'une faune guinéenne dont il reste quelques reliques.
Au cours de la transgression du Nouakchottien (6800 à 4500 ans BP), notamment à son maximum à 5500 ans BP, il reste une terrasse sableuse avec des niveaux coquilliers faits de Arca, Dosinia, Tympanotonus, Semifusus. Cette terrasse marine forme une plaine, partiellement inondable, qui ceinture le lac. On note aussi sur les rives nord-est, sud-est et sud du lac l'existence de grands cordons coquilliers qui font l'objet d'une intense exploitation sous forme de carrières (nord du lac) ou démantelés comme au sud.
Les séries post-nouakchotiennes, de 4500 ans BP à l'Actuelle, sont plus spécifiquement marquées par la phase humide du Dakarien (2800-2000 ans BP) encadrées par deux périodes sèches datées de 4500 à 2800 ans BP (Tafolien) et de 2000 à 1100 ans BP . A cet égard, une houle de nord-ouest établie lors du retrait de la mer, probablement à partir de 4000 ans, et du fait de son incidence oblique à la côte, engendre une dérive littorale dirigée vers le sud ; celle-ci préside à l'accumulation de cordons littoraux sableux (dunes jaunes partiellement fixées).
Le remodelage des cordons conduit à la fin de cette phase à une fermeture progressive du lac. Les dunes vives blanches mises en place au Subactuel à l'Actuel, continuent de s'engraisser par des apports sableux provenant de la haute plage ; ces cordons récents notamment dans la partie sud-ouest du lac, reposent localement sur un niveau argileux (montmorillonite) qui crée une zone de sources et de vasques au-dessus de la cote du lac (J.M. Garnier, 1978). La fermeture définitive du Lac Rose se serait opéré vers le XIV-XVème siècle (J.M. Garnier, 1978) ou à la fin du XVIIème siècle (P. Carbonel et J. Pinson, 1979). Le fond du lac est constitué d'une couche de vase reposant sur les formations nouakchottiennes, sables et coquilles, localement recouvertes d'une croûte de sel formée de gypse et de halite.
La fermeture de la lagune originelle effective, le lac fonctionne comme un bassin évaporatoire avec une concentration de ses eaux et la réduction de sa surface. La régression des rives du lac constitue -avec le développement des formes vives éoliennes, la pression foncière, l'abaissement des nappes phréatiques, la modification du couvert végétal- quelques-unes des formes majeures d'évolution du paysage de la région.
Ces modifications qui vont dans le sens d'une dégradation et d'une transformation accélérée des paysages antérieurs, procèdent des conditions environnementales, d'aménagement et d'exploitation de la région. A cet égard, le déclenchement de la phase sèche de la décennie 1970 a contribué à amplifier le processus de dégradation, largement enclenché par la mise en valeur agricole généralisée des Niayes. A cela s'ajoutent les effets des pompages effectués par le Service d'exploitation des eaux dans les aquifères locaux mal ré-alimentés par les déficits pluviométriques successifs ; l'abaissement des nappes qui s'ensuivit est le résultat d'une situation qui combine l'utilisation agricole de l'espace et le prélèvement excessif de la ressource fondant l'hydromorphie des paysages des Niayes.
Dans cet ordre d'idées, l'étude comparative de l'hydrographie générale du bassin versant du Lac Rose montre en l'espace de quelques décennies la forte altération de l'humidité de la zone. En effet, la physionomie hydrographique observée en 1941 par exemple laisse apparaître un fort taux d'humidité du bassin versant. Cette situation se traduit par l'existence de petites dépressions sur la frange littorale du Lac Rose. Le bassin de 1941 intègre de nombreuses mares aujourd'hui disparues ; ces mares, d'après de nombreux témoignages étaient poissonneuses. Elles occupaient des dépressions dont certaines, avant la sécheresse des années 70, étaient plantées en riz par la colonie diola qui alternait cette activité avec la récolte du vin de palme. Avec l'enfoncement de la nappe, ces mares se sont asséchées et, malgré une reviviscence intermittente (en année particulièrement pluvieuse), leur mise en culture nécessitera à partir de 1976, un arrosage systématique.
Les marigots de Sangalcam et de Wayambam alors compétentes le sont restés jusqu'en 1965 pour devenir complétement secs entre 1973 et 1975.